S' il est un site emblématique de la commune
c' est celui des Roches d' Orgeres ! Leur "ascension"
se fait à tout age - parfois en désobeissant à
ses parents-,seul, en famille, avec des amis ou à l' occasion
d' une randonnée pedestre.
De leurs sommets , on découvre un ample et magnifique panorama
avec pour premières butées les forets de Monnaie et
de La Motte . C' est un bon lieu d' observation de la nature, des
paysages et des saisons.
Au delà de ces caractères agréables, que sait
on d' elles?
Un auteur ancien , JAILLOT, cité par l' Abbé ANGOT,
nous indique simplement que "la moitié [de la paroisse
d' Orgeres] consiste en roches , broussailles et bruyères"
et mentionne les Roches que situent aussi les anciennes cartes d'
état-major. Quant à l' auteur du dictionnaire , il
note avec justesse que "la majeure partie de la commune[est]
occupée par le granite (massif de La Ferté Macé)
contre lequel , au sud, buttent par failles les grès ordoviciens
et gothlandiens".
L' examen de nos modernes cartes géologiques indique en
effet, au sud d' Orgeres, une zone de grès armoricain (arénigien)
orientée est/sud-est \\ ouest/nord-ouest, de moins d 'un
kilomètre de longueur et d' une centaine de mètres
de largeur , comprenant , en son milieu les Roches .Cette bande,
septentrionale, est de meme nature que les beaucoup plus vastes
qui portent les hauteurs de Monnaie et de La Motte. A son nord,
c' est le domaine du granit et au sud celui de formations tertiaires
(éocène).
Bien dégagées, les Roches d' Orgeres permettent un
bon examen de l' aspect et de la consistance du grès armoricain.
Au niveau géographique, elles sont situées plein
sud, à 1300 mètres à vol d' oiseau du bourg
d' Orgeres . Leur altitude maximale est de 289 mètres (point
géodésique). Elles representent un dénivelé
d' environ neuf mètres et sont entourées d' une courbe
de niveau à 280 m puis d' une autre à 275 m, plus
large et que la route de La Ferté Macé coupe trois
fois. Ce n' est pas le point culminant de l' ancienne commune d'
Orgères (331 m).
Sur l' un des "sommets", un calvaire est installé,
refait il y a quelques années. Il y a longtemps maintenant,
des processions à l' occasion de la Fete Dieu ou d' autres
célébrations y avaient lieu. Des clichés des
années 1950 en temoignent.
Disons que ce qui surprend le plus dans une region aux reliefs
usés, c' est le caractère très abrupt de ce
petit massif qui est comme posé entre champs, prés
et arbres voisins, avec quelques broussailles à sa base.
L' Abbé ANGOT parle de la Roche et lui consacre un article
special en la décrivant ainsi: " Amas considérable
de blocs de grès entremelées de broussailles, qui
constituent une curiosité du pays". Il signale aussi
que l' on a trouvé à leur voisinage, "une fort
belle hache en pierre, d' une pate très fine et très
aiguisée".
Cette (ou ces) Roches a (ont) revetu une importance administrative
particulière en 1918 lorsque le Sous-Prefet de Mayenne demanda,
soit un changement de nom de la commune d' Orgeres - que l' on trouve
dès 1243 - soit un ajout " de façon à
eviter les confusions, notamment au point de vue des transmissions
postales et du transport des marchandises".
Le 24 novembre de la meme année, le Conseil Municipal fut
d' avis de completer le nom de la commune qui s' appellera désormais
Orgères la Roche.
Cet etat durera jusqu' en 1972 puisque le 1er Janvier , les communes
de Lignieres la Doucelle et d' Orgeres la Roche s' associèrent
sous le nom de Lignieres-Orgeres (le referendum proposé le
7 juillet 1983 aboutit, le 28 juin 1987, a la fusion des deux entités).
"La Roche", ajoutée au nom d' origine , fut donc
utilisée un peu plus de 53 ans.
Une légende
populaire est associée aux Roches. Chacun la connait
car elle se transmet de génération en génération
, avec des déformations inévitables. En voici une
version :
Une fée (Quasnon ou Quesnon ou Couesnon....) habitait en
ces lieux une grotte; elle y écoutait les voeux des personnes
qui avaient perdu un outil ou un autre objet. Il fallait prononcer
les paroles " Ah! si j' avais celui des fées de la Roche
! " et l' on était exaucé. On raconte aussi que
les paysans manquant de boeufs pour le labour du lendemain n' avaient
qu' à se rendre sur place la veille au soir pour faire leur
demande à haute voix. Le matin venu, deux boeufs noirs infatigables,
étaient dans leur champ. Si on leur donnait un nom, ils devenaient
rétifs. En les conduisant le soir, il fallait laisser une
pièce sur le joug. Le trésor des fées serait,
parait il, caché sous l' un des blocs ( d' après SAUVAGE,
l' Abbé ANGOT, ma grand mère et beaucoup d' autres
...).

On notera, sur la carte postale reproduite ici,
le caractère bucolique de la mise en scène et les
grimpeurs prenant la pose |