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LIGNIERES ORGERES

HISTOIRE

 

LE MAQUIS DE LA GERARDERIE

Par Christian FERAULT, André ROBERT, Chantal LEGENDRE et Stéphane LEGENDRE

 

Le 13 juin 2004, les Autorités, les Associations, les descendants des acteurs et victimes, la Population de Lignieres-Orgeres, célébreront le 60 eme anniversaire d' une journée funeste qui a contribué à la Liberation de la France.

Une journée au déroulement fulgurant et au nombre de victimes impressionnant et qui a failli faire de notre village un second Oradour sur Glane.

Depuis, des monuments ont été élevés et des anniversaires célébrés. Il a été beaucoup écrit sur ce 13 juin - on en parle précisement ou on y fait allusion dans une bonne douzaine de livres et les journaux régionaux ont largement traité des commémorations qui ont eu lieu.

La lecture de cet ensemble conduit à constater un certain nombre de divergences sur les faits : effectifs, horaires, ... et surtout sur un sujet qui froisse, celui des dénonciations et des "collaborateurs" francais ayant facilité ou participé aux opérations .

Dans un espace restreint, il n' est pas question de rentrer dans ces "détails" pour essayer d' y voir plus clair d' autant que ce sera chose faite dans quelques mois (2) . On se contentera donc d' indiquer les principales actions en joignant un plan détaillé des lieux d' opération et des clichés des monuments et plaques qui rappellent ces douloureux evenements et font partie de notre "paysage".

Ce maquis - ou camp - n' était pas ancien : fin mai 1944, le Commandant PETRI ("Loulou") chef des FTP bretons souhaite l' organisation d' un tel ensemble dans le nord-est mayennais. Un endroit "idéal" est trouvé au village de la Gerarderie sur la commune de Lignieres la Doucelle : une ferme est occupée et exploitée par un célibataire, Gustave BOBOT, entre la rivière Le Teilleul et la foret de Monnaye, à plus de 2 km du bourg. L' endroit est isolé, desservi par un cheminet un passage à gué. De nombreuses haies sont alors présentes et les batiments sont masqués par une végétation très dense.

Des groupes de resistants provenant de l' Ille et Villaine (notamment ceux ayant libéré des prisonniers a Vitré), de l' orne, de la Manche ainsi que des locaux s' y rassemblent sur les commandements de M.M. PETRI et VIEL ("Maxime"), chef de l' AS de La Ferté Macé, la fille de ce dernier, Simone ("Verger") est aussi présente. Ils sont en liaison avec les maquis bretons et mayennais (Fougerolles du Plessis, Saint Mars du Desert et La Baroche Gondoin).

La première nuit dans un batiment de la ferme a lieu le 5 juin. Armes et ravitaillement sont alors progressivement entreposés au prix de multiples périls. Le but est clair : attaquer les convois allemands en vue de les détruire ou de retarder leur avancée vers le front de Normandie en raison du Débarquement.

Le drame a lieu le lundi 13 juin, en peu d' heures et en trois étapes.

Rappelons les succintement.

Dans la matinée en raison de la présence d' un camion allemand en panne - signalée le 12 au Feugeray près d' Orgères la Roche, deux sections de maquisards s' y rendent et attaquent : cinq Allemands sont tués, trois sont capturés, les autres s' enfuient et donnent l' alerte. Deux maquisards sont blessés.

Dans le meme temps, Daniel DESMEULLES, chef départemental de la résistance de l' Orne, qui a rendez vous avec VIEL et A. MAZELINE (chef pour Flers) arrive à Lignieres chez M. CATOIS en présence de l' instituteur ROYER. Un des résistants blessé - paul LASNIER - y est soigné.

En réaction à l' alerte, de nombreux Allemands investissent Lignières - D. DESMEULLES est arrété, torturé et déporté. Il ne rentrera pas. P. LASNIER sera fusillé en soirée.

En fin d' après midi, le maquis est encerclé par des troupes et des miliciens venant d' Alençon (environ 200 hommes) . Ils ont aussi une enorme supériorité en armement. Les chefs VIEL et MAZELINE constatent la situation sans pouvoir rejoindre leurs camarades (une quarantaine environ).

Un peu avant 13 heures la bataille commence et fait rage. Des maquisards parviennent à décrocher et à se replier vers la foret. Ceux qui restent, dont S.VIEL qui soigne les blessés ( allemands et francais), résistent avec héroisme.

Après un accalmie le feu reprend. Les Allemands se rapprochent et des corps à corps ont lieu dans la cour de la ferme qui est incendiée. Trois maquisards réussissent à s' enfuir dont PETRI et à rejoindre, dans la nuit , une ferme amie près de Ciral.

Cinq résistants sont morts : Gustave Francois BOBOT, Roland DELATTRE, Pierre JOUAN, Mathurin Alain LE GAC et Eugène RICHOMME.

Les Allemands ont eu 21 tués dont un officier. Ils s' emparent des blessés et de S. VIEL et leur font subir d' horribles sévices ainsi qu'à P. LASNIER.

Vers 23 heures ceux ci sont conduits près du carrefour de la Fouchardiere, alignés le long d' une cloture et exécutés d' une balle dans la tete : Francois CHEMINEL, Marcel COTIN ( cultivateur à la Vacherie, venant chercher sa jument), Robert GOUGEON, Paul LASNIER, Auguste LEDUC, René PELE, Gilbert ZOCCOLINI. Simone VIEL sera finalement épargnée mais victime de mauvais traitements puis emprisonnée et déportée en Allemagne ou elle retrouvera sa mère. Elle en reviendra.

Pendant plusieurs jours les Allemands battent la campagne et menacent les habitants. Leurs recherches de maquisards - qui devront se réorganiser complètement - restent vaines. En représailles, ils incendient la mairie et l' école de Lignières et des batiments à la Cornière et à proximité.

Rappelons que la commune a, ultérieurement, "en raison du lourd tribu payé à la victoire", obtenu une citation à l' ordre du régiment.

 

13 juin 1944 : une date glorieuse mais ô combien dramatique !

 

 

Marcel COTTIN

46 ans, né à St Denis ( Seine) Marié - 1 enfant (19 ans) - Cultivateur - La Vacherie - Lignières-Orgères

Francois BOBOT

59 ans , né à Lignières-Orgères - Célibataire - Cultivateur - la Gérarderie - Lignières-Orgères

 

(1) on entend par "maquis" tout groupe de personnes, armées ou non , ayant quitté leur domicile et leur métier et menant une vie clandestine dans des endroits isolés ou présentant des obstacles naturels. Leur abri et leur alimentation dépendent de voisins courageux et ....discrets.

(2) Voir ouvrage en préparation : André ROBERT et Christian FERAULT "La Libération de Lignieres-Orgères" qui traitera aussi de façon détaillée du Maquis de la Gerarderie ( parution : printemps 2004)

 

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