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LIGNIERES ORGERES

HISTOIRE

DICTIONNAIRE DE L' ABBE ANGOT

LIGNIERES LA DOUCELLE

 

Canton de Couptrain (10 kil.) ; arrond. de Mayenne (44 kil. N.-E.), à 74 kil. de Laval. — Linaria cum ecclesia, 940-960 (Actus Pontif. Cenom., p. 296).— Presbyter de Lineriis, 1265 (Cart. de Saint-
Evroul). -- Linières. 1312 (Bib. nat., fr. 8.736).-- Linerix de Doucelles, 1316 (Lib. rub., f. 121). — Parrochia de Lineriis, 1316 (Saint-Ursin). — Ecclesia de Ligneres la Doucelles, XIVe s. (Pouillé). — Parrochia Sancti Pétri de Lignièrez, 1418 (Mém. des antiq. de Normandie, t. XV, p. 277). — Ecclesia de Lineriis Landoucelle, XVe s. (Pouillé). — Curatus de Lineriis la Doucelle, 1528 (Arch. du chap. du Mans, B. 1, f. 3). — Ecclesia de Lineriis la Doulcette, 1552 (Reg. de Charles du Bellay, Bibl. des Capucins du Mans). — Ecclesia de Ligneriis-la-Doucelle, 1570 (Ins. eccl.). — Linières-la-Doucelle (Carte cénom.). — Lignières-Ladoucelle (Jaillot). — Lignère-la-Doucelle (Cassini).
Géologie. — « Une série silurienne, dans laquelle se succèdent régulièrement du S. au N. le grès armoricain (forêt de Monnaie), les schistes à C. Trislani (vallée du Min de René) et les grès de l'Ordovicien supérieur et du Gothlandien (La Vannerie, cote 293), traversent de l'Ouest à l'Est le territoire de la commune. Ces bandes sont coupées obliquement par une faille N.-O. S.-E. qui met successivement chacune d'elles en contact avec le granité (massif de La Ferté-Macé), lequel occupe toute la partie septentrionale de la commune. A la limite N.-E., les schistes micacés de Carrouges (Orne) forment une bande flexueuse qui pénètre dans le département de la Mayenne. » D.-P. OE.
Vaste territoire composé de deux massifs : le plus élevé formant la limite N.-E. (325, 370 m.); le second, au S., occupé par la forêt de Monnaie (300, 321 m.). Les vallées s'abaissent à 200 et 210 m., toutes se dirigeant vers la pointe S.-O. par laquelle s'échappent la rivière de la Doucelle ou du Tilleul et le ruisseau de Saint-Ursin. — Jaillot indique le passage au bourg, « considérable, bien ramassé et assez marchant :.. dit Davelu, de la route d'Alençon à la Ferté, ancienne, connue sous le nom de chemin aux soldats et sur laquelle le bourg s'allonge surtout ; le croisement avec la route précédente de celle de Carrouges à Couptrain, et un autre chemin vers Joué-du-Rois et la Normandie. Le grand chemin de Lignières à Couptrain passe au Frêne de Saint-Calais, 1650. Les deux premières routes sont notées aussi par Cassini. En 1785, les paroissiens réclament la construction par ateliers de charité des routes d'Alençon et de Pré-en-Pail. — Aujourd'hui le bourg, situé au canton N., est relié avec Saint-Martin-des-Landes, Orne (6.500 m. E.); Ciral, Orne (9 kil. S.-E.); Saint-Samson (7.500 m. S.); Sainl-Calais-du-Désert (8.500 m. S.-O.) ; Couptrain (12 kil. S.-O) ; la Pallu (11 kil. O.-S.-O.); Orgères (4 kil. N.-O.); Joué-du-Bois. Orne (6 kil. N.) ; Carrouges, Orne (6.500 m. N.-O.).
Superficie, cadastrée en 1813 par M. Faverie, 3.483 hect. — « La moitié de la paroisse, écrit Miroménil (1696), est en terre à seigle, avoine, sarrasin, et moitié en landes, bruyères, et la forêt de Monnaie; 25 métairies, 40 bordages — « La paroisse, lit-on dans le cahier de 1789, est grande et étendue, mais en terrain ingrat et presque toute divisée par petites portions ; pas une seule ferme considérable, aucune industrie ni commerce. » Un rapport de l'intendant signale en 1690 les eaux minérales de Lignières, que mentionnent Saugrain (1726) et Jouanne. Celui-ci ajoute des gisements de minerai de fer et des tourbières.
Population. — Moyenne des naissances : 76, de 1610 à 1620 ; -- 81, de 1700 à 1710. -- 510 feux en 1696 ; -- 1.996 hab. en 1726 ; -- de 1.500 à 1.800 communiants en 1775; — 2.600 hab. en 1803; -- 2.677 hab. en 1821 ; -- 2.727 hab. en 1831 ; -- 2.891 hab. en 1841 ; -- 2.767 hab. en 1851 ;— 2.572 hab. en 1861 ; --2.392 hab. en 1871 ; -- 2.093 hab. en 1881; -- 1.696 hab. en 1891;-- 1.620 hab. en 1898, dont 400 dans le bourg et le reste disséminé en 78 villages, fermes, closeries ou écarts. En dépendent : les Noës, 62 hab. ; le Grand-Monthard, 29 hab. ; la Maison-Neuve, 30 hab. ; la Gendrie, 22 hab. ; la Haie-au-Roi. 30 hab. ; la Boucherie, 2l hab. ; la Vannerie, 89 hab. ; le Grand-Étinoux, 44 hab. ;le Petit-Étinoux, 35 hab.; Saint-Maurice, 48 hab.; les Senaillères, 47 hab.; Saint-Ursin,22 hab. ; la Fosse-Garnier, 34 hab. ; la Touche-
Fouillère, 58 hab. ; la Fouchardière, 33 hab. ; la Jostière, 27 hab. ; la Vacherie, 35 hab. ; la Pàquerie, 63 hab. ; le Coudray. 32 hab. ; la Courtinière, 25 hab.; la Trévannière, 43 hab. ; la Haie-Portée, 30 hab. ; le Grand-Yeaux, 22 hab., et 4 moulins.---1.540 hab. en 1902 ; — 1.516 hab. en 1908. La décroissance de la population vient surtout des nombreuses émigrations à Paris et dans les grandes villes.
Un poste de gabelle était établi à Lignières, 1632, 1639.
Bureau de poste auquel a été annexé, 1891, un service télégraphique ; perception de Couptrain, étude de notaire.
Assemblée à l'Assomption, fête patronale.
Industries : Une grosse forge avec fenderie, indiquée par Jaillot, était installée au commencement du XVIIe siècle sur le bord de la Doucelle, au Moulin-Lassue, où se trouvent encore d'énormes amas de scories. La forêt de Monnaie fournissait en abondance le bois et le minerai. Les grosses forges et fourneaux ne sont pas compris dans le bail de la terre de Lignières du 13 janvier 1664, et on ajoute : « II semble douteux que leur exploitation continue après l'expiration du bail courant. » — Maîtres de forges : Germain Riqueur, sieur du Coudray,1611, inhumé à Lignières le 27 février 1633; son fils du même nom fut seigneur du Bas-Mont (Moulay) — La Croix, 1640. — Thomas Poulain, mari d'Anne Bidon, qui se remaria le 11 novembre 1662 avec Jean-Jacques de Saint-Remy, seigneur de la Motte-Fouqué.
Une verrerie établie à Saint-Ursin au commencement du XIXe siècle n'eut que quelques années d'existence. — Au XVIIIe s et au commencement du XIXe s., beaucoup d'enfants de Paris et d'Alençon étaient mis en nourrice à Lignières ; un grand nombre d'habitants s'en vont aussi à Paris comme maraîchers. Deux fabriques de galoches occupent dans le bourg chacune une dizaine d'ouvriers. Le commerce principal est celui des bestiaux et surtout des vaches de la race cotentine ; il s'élève à deux millions environ chaque année.
Marché, le lundi et le vendredi, signalé par Jaillot, rétabli vers 1845, le vendredi, et supprimé depuis dix ans. Les halles, détruites au commencement du XIXe s., étaient au-devant de l'auditoire.
Foires, le 14 août par ordonnance du 14 mai 1842, le 10 mai et le 18 septembre par ordonnance du 16 août 1846, le 29 janvier et le 22 octobre, créées en 1871. Deux nouvelles foires furent établies par décret du 26 septembre 1891, le vendredi avant le mardi-gras et le vendredi-saint; la foire du 10 mai fut fixée au 3e vendredi, et celle du 29 janvier au 3e vendredi du même mois.
Paroisse anciennement de l'archidiaconé de Passais et du doyenné de la Roche-Mabile ; — de l'élection du Mans, du ressort judiciaire de Mayenne, du grenier à sel de Villaines; — du district de Villaines et chef-lieu de canton pour : Lignières, Orgères, la Pallu et Saint-Calais-du-Désert, en 1790; — de la Mission de Javron en 1797, érigée en succursale par décret du 5 nivôse an XIII, de l'archiprêtré de Notre-Dame de Mayenne et du doyenné de Couptrain. Vicariat fondé par ordonnance du 27 juillet 1818.
L'église, sous le vocable de l'Assomption, date de 1712. Elle a été construite dans la place de l'ancienne, où Nicolas Desrochers, prêtre, avait fait faire en 1638 un autel de Sainte-Anne, avec statues de sainte Brigite et de saint Nicolas. M. Abel Maudoux, curé, fit commencer les travaux le 3 février 1712. Il les exécuta presque entièrement à ses frais et négligea d'en donner le total, car « il s'étoit ennuyé, dit-il, de compter par écrit ». Le seigneur de Lignières donna le tableau de l'Assomption, qui coûta 900# à Paris et qui a été détruit pendant la Révolution et remplacé par une nouvelle peinture du même sujet payée 300 fr. Cette église, en forme de croix, à toit mansardé, demanda quatorze mois seulement à construire. Le curé la meubla convenablement et ajouta à ses autres dons celui de deux grosses cloches en 1717 et d'une horloge achetée à Conlie en 1729, qu'il plaça dans un clocher en forme de dôme peu gracieux, surmonté d'une flèche maigre, et qu'on vient de remplacer par une tour et une flèche, construites (1900) à la façade occidentale sur les plans de M. Hawke. Les portes latérales furent faites en 1753, avec deux chapitereaux, dont le dernier a disparu après 1813. M. Hutin fit exécuter de 1847 à 1858 tous les travaux de décoration intérieure : plafonds et corniches, pilastres, tribune, peintures, chemin de croix et verrières représentant la Vie de la sainte Vierge, sorties des ateliers Ledieu, d'Argentan (1858). M. Baudrier, d'Évron, fit en 1856 les trois autels dont une copie, pour le tombeau du maître-autel, du bas-relief de celui de l'église abbatiale d'Évron.
La confrérie du Rosaire, érigée en 1676, est toujours en honneur. Il était d'usage au XVIIe s. de bénir le lit des nouveaux mariés.
Mgr de Gonssans confirma dans l'église, le 15 mai 1779, 1.213 personnes.
Cure à la présentation de l'évêque.
Curés : Nicolas, 1265. — Lucas, recteur de Lignières, 1316. — Guillaume Aubry permute, 1528. — François-Julien Dailllères, curé de Bouer (Sarthe), 17 octobre 1528. — Jean Taron, †1552. — Jacques de la Mare, du diocèse de Rouen, 20 mars 1552, résigne la même année. — René Le Vallois, du même diocèse, 28 juin 1552. — Pierre Congnecyvière, du diocèse de Chartres, se démet, 1554. — Nicolas Pilard, chanoine du Mans, 26 novembre 1554, permute quelques mois après. — Nicolas Pitard le jeune, curé de Crennes-sur-Fraubée, 1554. — Benoît Grandis démissionne, 1558. — Vincent Ferrand, novembre 1558, se démet dans sa maison canoniale, au Mans, 1560. — Mathurin Bourdin, bachelier en décrets, 1er août 1560, permute, 1564. — François de Saint-François, curé de Saint-Aubin-de-Locquenay, 20 mars 1564, permute, 1565. — Pierre Leblanc, curé de Saint-Samson, 19 juillet 1565, en procès, 1567, avec Mathurin Bourdin, devenu chanoine de Saint-Pierre de la Cour du Mans, au sujet de certaines redevances que celui-ci prétendait conserver sur son ancienne paroisse, fait en 1569, avec le prieur de Saint-Ursin, un règlement pour déterminer leurs droits respectifs et résigne étant doyen de la Roche-Mabile, 1570. — Charles Levannier, 4 janvier 1570, résigne, 1628, et se retire au village de Haudre, en Saint-Calais-du-Désert, sa paroisse natale, où il fut inhumé le 11 juin suivant. — Jean Gérard, curé de Gandelain, avril 1628. permute quelques mois après. — Noble Alexandre Le Gautier, chanoine de Carrouges, 6 janvier 1629, résigne, 1657. — François de Guernon, écuyer, mars 1657, se démet. 1689. inhumé dans l'église de Carrouges, le 6 mars 1691. — Charles Lespy, notaire apostolique, curé de Tillières (Orne), 19 mai 1689, démissionne,1698. — Louis de Boussault de Viantais, chanoine du Mans, 19 janvier 1698, rétrocède,1699. — Charles Lespy, 1er mars 1699, inhumé dans l'église le 24 novembre 1704, à soixante-sept ans. — Robert Le Nud, docteur de la faculté de Caen, curé de Saint-Pierre d'Alençon, 25 novembre 1704, se démet, 1705. -- François Chevalier, prieur-curé de Chevaigné, 19 octobre 1705, « prestre fort pieux, prêchant fort-bien et avec onction » (Reg. par.); † le6 mai 1707. — Abel Maudoux (V. ce nom), 1707,
† le 16 octobre 1736. — Urbain Loré du Boulay, originaire de Bonchamp, ancien professeur de théologie au séminaire de Domfront, puis curé de la Lacelle, 2 novembre 1732; sa pierre tombale dans la sacristie rappelle qu'il est mort à quarante-deux ans, le 14 février 1742, après avoir laissé tout son bien aux pauvres. — François de Courcelles, demeurant au Mans, 1er mars 1742, se démet, 1744. — Etienne Couanier, de Laval, bachelier en droit canon, 25 décembre 1744, bénit trois cloches, 1746, démissionne, 1752. — Paul Baucourt, curé de Grenoux, 31 janvier 1752, † le 3 septembre 1758. — Antoine de Ronnay, 7 septembre 1758, « mauvais curé, équivoque pour les mœurs, n'a pas la confiance de sa paroisse, qu'il gouverne fort mal » (Note de l'évéché en 1778); résigne, 1779, reste prêtre habitué à Lignières et prête.
le 6 février 1791, un serment restrictif suivi, le 13, d'un serment schismatique. Devenu vicaire de l'intrus à son arrivée, Ronnay nomma une cloche Marie-Antoinette La Concorde, 1792, rouvrit l'église en 1799 et se rétracta seulement en 1803. — Ambroise-Charles Le Mol, vicaire de la Lacelle, né en 1739 à la Ferrière-aux-Étangs, installé le 21 novembre 1779, et jugé par ses supérieurs « prêtre fort médiocre », prêta, le 6 février, un serment catholique, puis, à l'exemple et aux instigations de Ronnay. un serment schismatique qu'il ne tarda pas à rétracter. Parti de Lignières, où il signa son dernier acte le 26 juin 1791, M. Le Mol s'exila à Jersey et fut réintégré en 1803 dans sa cure, où il mourut le 29 septembre 1807.
Les deux vicaires, Guillaume-Jean Martin et François Thommeret, moins faibles que leur curé, persistèrent dans le serment catholique qu'ils avaient prêté. Le premier fut déporté en Angleterre, revint en 1795 à la Chapelle-Moche, sa paroisse natale, et fut nommé en 1803 curé de Chevaigné. Le second resta dans le pays et administra, 1794, 1795, Lignières, qui fut aussi desservie en 1799 par un prêtre nommé Lanoe et par M. Letourneur, 1800-1802.
Le citoyen Marin Rousier, prêtre habitué à Gesvres, installé intrus de Lignières le 15 août 1791, y resta jusqu'à la Terreur, malgré les mauvais traitements dont il était l'objet de la part de ses paroissiens et même du juge de paix Turpin. qui l'appelaient ; « grand diable, voleur. fripon, etc... » (Lettres au directoire de
février et mars 1793). — Depuis la Révolution :François Levayer, 1808-1809. -- Pierre-Anne Martin
1809-1812. — Charles Vannier-Vandrinière, de Saint-Mars-sous-Ballon, ordonné prêtre à Paris par l'évéque de Saint-Papoul, pendant la Révolution, exerça, sous le nom de Petit-Charles, un ministère très actif parmi les chouans de la Sarthe (division Jean Châtelain), fut nommé curé de Lignières en 1812 et mourut bienfaiteur de cette paroisse, 1830. — Julien Saulnier, 1830-1841. - J.-B. Hutin. 1841-1865.
-- Delaunay. 1865-1878. - Ledru. 1878-1884.-- Adolphe Euzenne, 1884.

Infos supplémentaires : L'intrus Rousier est prêtre à Gesvres, 8 août 1791 ; curé à Lignières, 15 août, desservant à Gesvres, 3 sept. ; curé à Lignières, 28 sept., 11 janvier 1792. — Malgré toutes ses palinodies, Ronnnay, ex-curé et noble, est arrêté parce qu'il « continue toujours à porter
la robe fanatique, » 7 août 1794. Trois prêtres réfractaires : Et. Guillaume, Jacq. Laigneau et Jacq. Ripault sont décrétés d'arrestation, le 24 janv. 1798.


Presbytère, laissé en mauvais état par la Révolution, construit à neuf, 1874, sur les plans M.Godin architecte. Devis, 29.514 fr.
Cimetière contigu à l'église, planté d'ormeaux, 1746. transféré, 1835, sur la route de Joué-du-Bois, dans un lieu nommé Chartrain, autrefois Chertemps, où l'on avait déjà enterré pendant l'épidémie de 1637. Les ouvriers du pays avaient, aux XVIIe et XVIIIE s., une réelle habileté pour sculpter sur les dalles de granit de longues inscriptions composées de grandes majuscules en relief.
A l'angle des routes de Couptrain et d'Orgères. à 500 m. de l'église, s'élève une coquette chapelle en pierre blanche, de style flamboyant, dite du Calvaire et dédiée à saint Jean-Baptiste et a saint Paul. M. Hutin eut encore l'initiative de cette œuvre (1860). dont M. Forton fit les frais; architecte, M. Dromer, de Javron.
Ecoles - Jean Desrochers, prêtre régent du collège, meurt, âgé de cinquante ans, le 27 mai 1731. et André Desrochers, ancien « régent et maître de pension du collège », décède à son tour, âgé de quatre-vingt-sept ans, le 17 janvier 1777 — En 1700. Mme la comtesse de Tilliers, dame de Lignières, donna une somme de 1.200# comme premier fonds d'un établissement de sœurs d'écoles, et M. Jouannault. après s'être adressé dans ce but aux sœurs de Saint-Lazare, demandant, à défaut d'une sœur, une des filles que l'on renvoyait pour manque de santé, puis à la communauté de « madame de Rochefort, qui a succédé, dit-il, à functe madame de Miramion ». confia la nouvelle école aux sœurs de la Chapelle-au-Riboul, par acte devant Derouet, notaire, 1704. Anne Lesage, première titulaire, mourut, âgée de soixante-quinze ans, le 31 mars 1745. Aujourd'hui, instituteurs laïques ayant remplacé en 1849 les Frères de Ruillé appelés par M. Vannier en 1830. — Sœurs d'Evron pour les filles, définitivement fondées en 1837. mais déjà en fonctions, d'après M. Sauvage, en 1824.

Infos supplémentaires : Huet, nommé maître d'école le 24 janv. 1793, se faisait payer comme s'il avait cent cinquante élèves alors que, de notoriété publique, il n'en avait que cinq ou six. Il est remplacé le 15 nov. 1796 par Jacq. Barbes, qui n'avait pas plus de succès quoique son école fût la seule du canton et qui, mourant de faim, va partir, dit-on, au mois d'août 1799.
Marie Desroches fut nommée institutrice aussi en 1796, alors que les deux anciennes maîtresses étaient toujours dans leur maison, mais sans fonctions.
L'école communale tenue par les sœurs d'Evron a été laïcisée par arrêté ministériel du 9 juillet 1906. — Ecole chrétienne libre tenue par des séculières.


Bureau de charité, 140 fr. de revenu.
Féodalité. — La seigneurie paroissiale était attachée à la terre de Resné, mais la justice, exercée par un bailli et un procureur fiscal, avait son siège à l'auditoire du bourg de Lignières, gros pavillon aux murs épais d un mètre, dont le premier étage servait de prison. Claude Forton, concierge, fut tué en 1627 par des prisonniers qui s'évadèrent, mais furent repris et écartelés le 20 septembre 1627. Des avocats se faisaient recevoir à ce siège. Un carcan était fixé à une maison faisant face à l'église; le gibet était sur la route de Ciral.
Notes historiques. — Plusieurs haches en bronze ont été trouvées en 1839 (Desportes) — Les principales localités de noms anciens sont : Resné, Monthart, Étinoux, Villeneuve, Barbelinge, les Yeaux, Thelouze. — La donation au chapitre du Mans par l'évéque Maynard (940-960) d'un lieu nommé Linaria avec son église concerne probablement Lignières-la-Doucelle. — Située sur la lisière normande, la paroisse se trouva dès 1418 en pays d'occupation anglaise; Henri V lui donna des lettres de sauvegarde. En août et septembre 1444 , elle est pillée par la garnison anglaise de Fresnay, commandée par Richard Wideville.
De nombreuses épidémies sévissent pendant le XVIIe et XVIIIe s. — Dysenterie apportée d'Argentan, 1626. — « Le mauvais mal » commence le 18 mars 1637 et dure jusqu'en novembre ; on enterre dans les champs, dans les jardins; hiver rigoureux, disette; en juin et juillet 1638, redoublement d'intensité de l'épidémie, qui durait encore en 1639. — 1647, dysenterie en septembre et octobre. — 1709, disette et hiver très rigoureux qui fait périr presque tous les seigles. — 3 décembre 1712, passage des prisonniers faits à Bouchain et conduits d'Alencon à la Ferté. — 1727, passage d'un régiment polonais. — 1746, épizootie. — Avril 1756-septembre 1758, épidémie dont le docteur Reuse consigne les détails dans le Journal de médecine (t. IX, p. 456-461). — 1787, nouvelle épidémie au commencement de l'année. Rigault de Longrais, chirurgien à Couptrain, qui avait soigné cent-vingt malades de fièvres putrides et bilieuses, écrit le 2 mars ; « Ceux qui sont atteints rendent des vers de toutes sortes. » II attribue la contagion à la nourriture grossière, aux habitations malsaines, au pays marécageux, et rejette une partie du mal sur les charlatans et jugeurs d'eau qui « sont cause de la dépopulation du pays ».
Le cahier de 1789, signé de vingt-trois noms, demande la suppression d'un certain nombre d'abbayes et de couvents, l'attribution à un hôpital des biens de Saint-Ursin, la gratuité des sépultures et des mariages, une capitation féminine de 24# sur les femmes portant chapeau. Des troubles sérieux éclatent dès 1790 : au mois d'août, attroupement de jeunes gens qui arrachent de l'église le banc seigneurial ; au mois de novembre, émeute et dissolution de l'assemblée électorale, qui motive l'appel et le séjour jusqu'au mois de janvier d'un détachement comprenant trente hommes du Royal-Roussillon et de soixante gardes nationaux de Couptrain et de Pré-en-Pail. — En 1795, les Chouans, qui sont maîtres du pays, fusillent deux hommes dans le bourg (4 mai) et font évacuer sur Lassay les administrations et les armes (décembre). Un cantonnement occupe le bourg en 1797. mais trop faible pour résister au soulèvement de 1799, on en demande la suppression (5juin).
En 1805, un incendie détruit la moitié du bourg. — 1817, dysenterie. — 1822, épidémie moins meurtrière. — 1871, une compagnie de quatre cents francs-tireurs occupe le bourg et les villages, qui sont traités en pays conquis.

Infos supplémentaires : Une élève sage-femme est envoyée suivre les cours à Laval, 1793, et Jul. Belloche, oflicier de santé, est chargé de soigner les pauvres. — Par testament du 11 juil. 1743, Franc. Dudouet, avocat, avait légué aux pauvres le pré de l'Oliverie et les champs de la Pesnière.
Au commencement de 1783, un incendie dévora quarante maisons dans le bourg.
Les opérations du recrutement donnèrent lieu, le 14 mars 1793, à des troubles sérieux. Lenormand, procureur syndic, fut décrété d'arrestation pour propos antipatriotiques. Mais le commissaire Juliot-Lérardière, assailli d'injures et de menaces, dut s'enfuir. Il se vengea en faisant conduire dans les prisons de Laval les suspects du canton, 19 nov.
Le maire Launay et ses acolytes, qui firent l'inventaire du mobilier de l'église le 30 juin 1794, étaient dignes de leur mission. Ils se transportent à l'église, disent-ils, « pour aux fins de faire le recensement des bas, panaux, sangles et serpelières des ânes qui avaient logé dans la sacristie. »
Des troubles graves motivent l'envoi, à Lignières, d'un détachement de cavalerie, 29 janv.-1er févr. 1797. — On nomme des experts pour fixer les contributions dont les rôles ont été brûlés par les insurgés, 14 juin 1797. — Au mois d'août 1798, murmures contre les impôts mobiliers, « plus graves que sous l'ancien régime, » une école sans élèves pour tout le canton, commerce de vaches et génisses en stagnation (Mémoire de Turpin, commissaire). Un an plus tard, l'esprit public est perdu, les fonctionnaires sont en danger ; les brigands parcouraient, le 13 août, les communes de Saint-Calais et la Pallu. Le 20 octobre, Frotté passe la journée dans le bourg avec 300 hommes qui réquisitionnent chez les acquéreurs nationaux et chez l'intrus, auquel ils défendent d exercer, des vivres, du linge, mais « sans faire grand mal. » Ils vont coucher à la Motte-Fouquet. Les commissaires de la municipalité sont retirés à Prez-en-Pail avec les archives, le
11 novembre. — Le 6 janvier 1800, nouvelle visite de 300 insurgés ; la proclamation des Consuls est sans effet, personne n'assistant à la décade. Le 25, Beauregard, après avoir battu les républicains à Saint-Patrice, vient coucher à Lignières et consomme tous les vivres.
La reddition des Chouans, avec Bastard de Bouessay, leur chef, eut lieu le 20 févr. 1800;
L 'inventaire de 1906 eut lieu le vendredi 9 mars. Les agents forcèrent, pour entrer, une fenêtre de la sacristie. C'est dire que la population protesta fortement contre la loi néfaste et contre son maire du moment qui l'approuvait


Maires ; Louis Liberge, 1791. — Launay, 1792, 1793. — François Chartier, mars 1793. — Jacques Barbe. 18 germinal an IV. — Jean Chevreuil, 14 messidor an IV. — Pierre Jouin, président de l'administration cantonale. — Julien Desrochers, maire, 7 prairial an VI. — Jean Treton. 26 ventôse an VIII. — Jean Féron, marchand, 21 thermidor an VIII. — Jacques Barbe-Chandelier, 4 frimaire an IX. — Charles Surblé, adjoint, faisant les fonctions de maire, 2 vendémiaire an XIII. — Michel Délogé, de la Pallu, président de l'administration cantonale, 23 sept. 1797, est rançonné par les Chouans, 21 mars 1798 ; Drouet, adjoint ; Louis-Charles Turpin-Provotière, 17 février 1808, 1811. -- Louis Liberge. 1811, 1819. —Jérôme Lemarchand, 1819-1837. — René - Pierre-Antoine Gérard, 1837-1850. — Tranquille Lecomte, adjoint, faisant les fonctions de maire, 1850, maire, 1852. — Jean Treton,† 1869. — Desrochers, conseiller municipal faisant les fonctions de maire, 1869, jusqu'au 4 septembre 1870, puis commission républicaine composée de cinq membres. -- Félix Mottier, 1871, 1882. -- Adolphe Hermon, 1882, 1884. — Adrien Treton. adjoint. 1884-1887. — Adolphe Hermon. 1887-1892. -- Henri Gautier. 1892, 1900. — Treton, 1908.
Reg. par. depuis 1608. — H. Sauvage. Notice mss. — Chron. par. de M. Hutin, curé. — Arch. de la M.. Bailliage de Lignières. liasses B. 2.024-2.133. — Arch. de la S., B. 1.312. — Tit. de Saint-Ursin, au cab. Brière. aux Arch. et à la Bibl. d'agriculture du Mans. —Revue du Maine, t. XIX, p. 205 ; t. XXII. p. 308. — Pour les localités, v. les art. : Resné, Saint-Ursin.