Canton de Couptrain (10 kil.) ; arrond. de Mayenne (44 kil. N.-E.),
à 74 kil. de Laval. — Linaria cum ecclesia, 940-960 (Actus
Pontif. Cenom., p. 296).— Presbyter de Lineriis, 1265 (Cart. de
Saint-
Evroul). -- Linières. 1312 (Bib. nat., fr. 8.736).-- Linerix
de Doucelles, 1316 (Lib. rub., f. 121). — Parrochia de Lineriis,
1316 (Saint-Ursin). — Ecclesia de Ligneres la Doucelles, XIVe
s. (Pouillé). — Parrochia Sancti Pétri de Lignièrez,
1418 (Mém. des antiq. de Normandie, t. XV, p. 277). — Ecclesia
de Lineriis Landoucelle, XVe s. (Pouillé). — Curatus de
Lineriis la Doucelle, 1528 (Arch. du chap. du Mans, B. 1, f. 3). —
Ecclesia de Lineriis la Doulcette, 1552 (Reg. de Charles du Bellay,
Bibl. des Capucins du Mans). — Ecclesia de Ligneriis-la-Doucelle,
1570 (Ins. eccl.). — Linières-la-Doucelle (Carte cénom.).
— Lignières-Ladoucelle (Jaillot). — Lignère-la-Doucelle
(Cassini).
Géologie. — « Une série
silurienne, dans laquelle se succèdent régulièrement
du S. au N. le grès armoricain (forêt de Monnaie), les
schistes à C. Trislani (vallée du Min de René)
et les grès de l'Ordovicien supérieur et du Gothlandien
(La Vannerie, cote 293), traversent de l'Ouest à l'Est le territoire
de la commune. Ces bandes sont coupées obliquement par une faille
N.-O. S.-E. qui met successivement chacune d'elles en contact avec le
granité (massif de La Ferté-Macé), lequel occupe
toute la partie septentrionale de la commune. A la limite N.-E., les
schistes micacés de Carrouges (Orne) forment une bande flexueuse
qui pénètre dans le département de la Mayenne.
» D.-P. OE.
Vaste territoire composé de deux massifs : le plus élevé
formant la limite N.-E. (325, 370 m.); le second, au S., occupé
par la forêt de Monnaie (300, 321 m.). Les vallées s'abaissent
à 200 et 210 m., toutes se dirigeant vers la pointe S.-O. par
laquelle s'échappent la rivière de la Doucelle ou du Tilleul
et le ruisseau de Saint-Ursin. — Jaillot indique le passage au
bourg, « considérable, bien ramassé et assez marchant
:.. dit Davelu, de la route d'Alençon à la Ferté,
ancienne, connue sous le nom de chemin aux soldats et sur laquelle le
bourg s'allonge surtout ; le croisement avec la route précédente
de celle de Carrouges à Couptrain, et un autre chemin vers Joué-du-Rois
et la Normandie. Le grand chemin de Lignières à Couptrain
passe au Frêne de Saint-Calais, 1650. Les deux premières
routes sont notées aussi par Cassini. En 1785, les paroissiens
réclament la construction par ateliers de charité des
routes d'Alençon et de Pré-en-Pail. — Aujourd'hui
le bourg, situé au canton N., est relié avec Saint-Martin-des-Landes,
Orne (6.500 m. E.); Ciral, Orne (9 kil. S.-E.); Saint-Samson (7.500
m. S.); Sainl-Calais-du-Désert (8.500 m. S.-O.) ; Couptrain (12
kil. S.-O) ; la Pallu (11 kil. O.-S.-O.); Orgères (4 kil. N.-O.);
Joué-du-Bois. Orne (6 kil. N.) ; Carrouges, Orne (6.500 m. N.-O.).
Superficie, cadastrée en 1813 par
M. Faverie, 3.483 hect. — « La moitié de la paroisse,
écrit Miroménil (1696), est en terre à seigle,
avoine, sarrasin, et moitié en landes, bruyères, et la
forêt de Monnaie; 25 métairies, 40 bordages — «
La paroisse, lit-on dans le cahier de 1789, est grande et étendue,
mais en terrain ingrat et presque toute divisée par petites portions
; pas une seule ferme considérable, aucune industrie ni commerce.
» Un rapport de l'intendant signale en 1690 les eaux minérales
de Lignières, que mentionnent Saugrain (1726) et Jouanne. Celui-ci
ajoute des gisements de minerai de fer et des tourbières.
Population. — Moyenne des naissances
: 76, de 1610 à 1620 ; -- 81, de 1700 à 1710. -- 510 feux
en 1696 ; -- 1.996 hab. en 1726 ; -- de 1.500 à 1.800 communiants
en 1775; — 2.600 hab. en 1803; -- 2.677 hab. en 1821 ; -- 2.727
hab. en 1831 ; -- 2.891 hab. en 1841 ; -- 2.767 hab. en 1851 ;—
2.572 hab. en 1861 ; --2.392 hab. en 1871 ; -- 2.093 hab. en 1881; --
1.696 hab. en 1891;-- 1.620 hab. en 1898, dont 400 dans le bourg et
le reste disséminé en 78 villages, fermes, closeries ou
écarts. En dépendent : les Noës, 62 hab. ; le Grand-Monthard,
29 hab. ; la Maison-Neuve, 30 hab. ; la Gendrie, 22 hab. ; la Haie-au-Roi.
30 hab. ; la Boucherie, 2l hab. ; la Vannerie, 89 hab. ; le Grand-Étinoux,
44 hab. ;le Petit-Étinoux, 35 hab.; Saint-Maurice, 48 hab.; les
Senaillères, 47 hab.; Saint-Ursin,22 hab. ; la Fosse-Garnier,
34 hab. ; la Touche-
Fouillère, 58 hab. ; la Fouchardière, 33 hab. ; la Jostière,
27 hab. ; la Vacherie, 35 hab. ; la Pàquerie, 63 hab. ; le Coudray.
32 hab. ; la Courtinière, 25 hab.; la Trévannière,
43 hab. ; la Haie-Portée, 30 hab. ; le Grand-Yeaux, 22 hab.,
et 4 moulins.---1.540 hab. en 1902 ; — 1.516 hab. en 1908. La
décroissance de la population vient surtout des nombreuses émigrations
à Paris et dans les grandes villes.
Un poste de gabelle était établi
à Lignières, 1632, 1639.
Bureau de poste auquel a été
annexé, 1891, un service télégraphique ; perception
de Couptrain, étude de notaire.
Assemblée à l'Assomption,
fête patronale.
Industries : Une grosse forge avec fenderie,
indiquée par Jaillot, était installée au commencement
du XVIIe siècle sur le bord de la Doucelle, au Moulin-Lassue,
où se trouvent encore d'énormes amas de scories. La forêt
de Monnaie fournissait en abondance le bois et le minerai. Les grosses
forges et fourneaux ne sont pas compris dans le bail de la terre de
Lignières du 13 janvier 1664, et on ajoute : « II semble
douteux que leur exploitation continue après l'expiration du
bail courant. » — Maîtres de forges : Germain Riqueur,
sieur du Coudray,1611, inhumé à Lignières le 27
février 1633; son fils du même nom fut seigneur du Bas-Mont
(Moulay) — La Croix, 1640. — Thomas Poulain, mari d'Anne
Bidon, qui se remaria le 11 novembre 1662 avec Jean-Jacques de Saint-Remy,
seigneur de la Motte-Fouqué.
Une verrerie établie à Saint-Ursin au commencement du
XIXe siècle n'eut que quelques années d'existence. —
Au XVIIIe s et au commencement du XIXe s., beaucoup d'enfants de Paris
et d'Alençon étaient mis en nourrice à Lignières
; un grand nombre d'habitants s'en vont aussi à Paris comme maraîchers.
Deux fabriques de galoches occupent dans le bourg chacune une dizaine
d'ouvriers. Le commerce principal est celui des bestiaux et surtout
des vaches de la race cotentine ; il s'élève à
deux millions environ chaque année.
Marché, le lundi et le vendredi,
signalé par Jaillot, rétabli vers 1845, le vendredi, et
supprimé depuis dix ans. Les halles, détruites au commencement
du XIXe s., étaient au-devant de l'auditoire.
Foires, le 14 août par ordonnance
du 14 mai 1842, le 10 mai et le 18 septembre par ordonnance du 16 août
1846, le 29 janvier et le 22 octobre, créées en 1871.
Deux nouvelles foires furent établies par décret du 26
septembre 1891, le vendredi avant le mardi-gras et le vendredi-saint;
la foire du 10 mai fut fixée au 3e vendredi, et celle du 29 janvier
au 3e vendredi du même mois.
Paroisse anciennement de l'archidiaconé
de Passais et du doyenné de la Roche-Mabile ; — de l'élection
du Mans, du ressort judiciaire de Mayenne, du grenier à sel de
Villaines; — du district de Villaines et chef-lieu de canton pour
: Lignières, Orgères, la Pallu et Saint-Calais-du-Désert,
en 1790; — de la Mission de Javron en 1797, érigée
en succursale par décret du 5 nivôse an XIII, de l'archiprêtré
de Notre-Dame de Mayenne et du doyenné de Couptrain. Vicariat
fondé par ordonnance du 27 juillet 1818.
L'église, sous le vocable de l'Assomption,
date de 1712. Elle a été construite dans la place de l'ancienne,
où Nicolas Desrochers, prêtre, avait fait faire en 1638
un autel de Sainte-Anne, avec statues de sainte Brigite et de saint
Nicolas. M. Abel Maudoux, curé, fit commencer les travaux le
3 février 1712. Il les exécuta presque entièrement
à ses frais et négligea d'en donner le total, car «
il s'étoit ennuyé, dit-il, de compter par écrit
». Le seigneur de Lignières donna le tableau de l'Assomption,
qui coûta 900# à Paris et qui a été détruit
pendant la Révolution et remplacé par une nouvelle peinture
du même sujet payée 300 fr. Cette église, en forme
de croix, à toit mansardé, demanda quatorze mois seulement
à construire. Le curé la meubla convenablement et ajouta
à ses autres dons celui de deux grosses cloches en 1717 et d'une
horloge achetée à Conlie en 1729, qu'il plaça dans
un clocher en forme de dôme peu gracieux, surmonté d'une
flèche maigre, et qu'on vient de remplacer par une tour et une
flèche, construites (1900) à la façade occidentale
sur les plans de M. Hawke. Les portes latérales furent faites
en 1753, avec deux chapitereaux, dont le dernier a disparu après
1813. M. Hutin fit exécuter de 1847 à 1858 tous les travaux
de décoration intérieure : plafonds et corniches, pilastres,
tribune, peintures, chemin de croix et verrières représentant
la Vie de la sainte Vierge, sorties des ateliers Ledieu, d'Argentan
(1858). M. Baudrier, d'Évron, fit en 1856 les trois autels dont
une copie, pour le tombeau du maître-autel, du bas-relief de celui
de l'église abbatiale d'Évron.
La confrérie du Rosaire, érigée en 1676, est toujours
en honneur. Il était d'usage au XVIIe s. de bénir le lit
des nouveaux mariés.
Mgr de Gonssans confirma dans l'église, le 15 mai 1779, 1.213
personnes.
Cure à la présentation de
l'évêque.
Curés : Nicolas, 1265. — Lucas,
recteur de Lignières, 1316. — Guillaume Aubry permute,
1528. — François-Julien Dailllères, curé
de Bouer (Sarthe), 17 octobre 1528. — Jean Taron, †1552.
— Jacques de la Mare, du diocèse de Rouen, 20 mars 1552,
résigne la même année. — René Le Vallois,
du même diocèse, 28 juin 1552. — Pierre Congnecyvière,
du diocèse de Chartres, se démet, 1554. — Nicolas
Pilard, chanoine du Mans, 26 novembre 1554, permute quelques mois après.
— Nicolas Pitard le jeune, curé de Crennes-sur-Fraubée,
1554. — Benoît Grandis démissionne, 1558. —
Vincent Ferrand, novembre 1558, se démet dans sa maison canoniale,
au Mans, 1560. — Mathurin Bourdin, bachelier en décrets,
1er août 1560, permute, 1564. — François de Saint-François,
curé de Saint-Aubin-de-Locquenay, 20 mars 1564, permute, 1565.
— Pierre Leblanc, curé de Saint-Samson, 19 juillet 1565,
en procès, 1567, avec Mathurin Bourdin, devenu chanoine de Saint-Pierre
de la Cour du Mans, au sujet de certaines redevances que celui-ci prétendait
conserver sur son ancienne paroisse, fait en 1569, avec le prieur de
Saint-Ursin, un règlement pour déterminer leurs droits
respectifs et résigne étant doyen de la Roche-Mabile,
1570. — Charles Levannier, 4 janvier 1570, résigne, 1628,
et se retire au village de Haudre, en Saint-Calais-du-Désert,
sa paroisse natale, où il fut inhumé le 11 juin suivant.
— Jean Gérard, curé de Gandelain, avril 1628. permute
quelques mois après. — Noble Alexandre Le Gautier, chanoine
de Carrouges, 6 janvier 1629, résigne, 1657. — François
de Guernon, écuyer, mars 1657, se démet. 1689. inhumé
dans l'église de Carrouges, le 6 mars 1691. — Charles Lespy,
notaire apostolique, curé de Tillières (Orne), 19 mai
1689, démissionne,1698. — Louis de Boussault de Viantais,
chanoine du Mans, 19 janvier 1698, rétrocède,1699. —
Charles Lespy, 1er mars 1699, inhumé dans l'église le
24 novembre 1704, à soixante-sept ans. — Robert Le Nud,
docteur de la faculté de Caen, curé de Saint-Pierre d'Alençon,
25 novembre 1704, se démet, 1705. -- François Chevalier,
prieur-curé de Chevaigné, 19 octobre 1705, « prestre
fort pieux, prêchant fort-bien et avec onction » (Reg. par.);
† le6 mai 1707. — Abel Maudoux (V. ce nom), 1707,
† le 16 octobre 1736. — Urbain Loré du Boulay, originaire
de Bonchamp, ancien professeur de théologie au séminaire
de Domfront, puis curé de la Lacelle, 2 novembre 1732; sa pierre
tombale dans la sacristie rappelle qu'il est mort à quarante-deux
ans, le 14 février 1742, après avoir laissé tout
son bien aux pauvres. — François de Courcelles, demeurant
au Mans, 1er mars 1742, se démet, 1744. — Etienne Couanier,
de Laval, bachelier en droit canon, 25 décembre 1744, bénit
trois cloches, 1746, démissionne, 1752. — Paul Baucourt,
curé de Grenoux, 31 janvier 1752, † le 3 septembre 1758.
— Antoine de Ronnay, 7 septembre 1758, « mauvais curé,
équivoque pour les mœurs, n'a pas la confiance de sa paroisse,
qu'il gouverne fort mal » (Note de l'évéché
en 1778); résigne, 1779, reste prêtre habitué à
Lignières et prête.
le 6 février 1791, un serment restrictif suivi, le 13, d'un serment
schismatique. Devenu vicaire de l'intrus à son arrivée,
Ronnay nomma une cloche Marie-Antoinette La Concorde, 1792, rouvrit
l'église en 1799 et se rétracta seulement en 1803. —
Ambroise-Charles Le Mol, vicaire de la Lacelle, né en 1739 à
la Ferrière-aux-Étangs, installé le 21 novembre
1779, et jugé par ses supérieurs « prêtre
fort médiocre », prêta, le 6 février, un serment
catholique, puis, à l'exemple et aux instigations de Ronnay.
un serment schismatique qu'il ne tarda pas à rétracter.
Parti de Lignières, où il signa son dernier acte le 26
juin 1791, M. Le Mol s'exila à Jersey et fut réintégré
en 1803 dans sa cure, où il mourut le 29 septembre 1807.
Les deux vicaires, Guillaume-Jean Martin et François Thommeret,
moins faibles que leur curé, persistèrent dans le serment
catholique qu'ils avaient prêté. Le premier fut déporté
en Angleterre, revint en 1795 à la Chapelle-Moche, sa paroisse
natale, et fut nommé en 1803 curé de Chevaigné.
Le second resta dans le pays et administra, 1794, 1795, Lignières,
qui fut aussi desservie en 1799 par un prêtre nommé Lanoe
et par M. Letourneur, 1800-1802.
Le citoyen Marin Rousier, prêtre habitué à Gesvres,
installé intrus de Lignières le 15 août 1791, y
resta jusqu'à la Terreur, malgré les mauvais traitements
dont il était l'objet de la part de ses paroissiens et même
du juge de paix Turpin. qui l'appelaient ; « grand diable, voleur.
fripon, etc... » (Lettres au directoire de
février et mars 1793). — Depuis la Révolution :François
Levayer, 1808-1809. -- Pierre-Anne Martin
1809-1812. — Charles Vannier-Vandrinière, de Saint-Mars-sous-Ballon,
ordonné prêtre à Paris par l'évéque
de Saint-Papoul, pendant la Révolution, exerça, sous le
nom de Petit-Charles, un ministère très actif parmi les
chouans de la Sarthe (division Jean Châtelain), fut nommé
curé de Lignières en 1812 et mourut bienfaiteur de cette
paroisse, 1830. — Julien Saulnier, 1830-1841. - J.-B. Hutin. 1841-1865.
-- Delaunay. 1865-1878. - Ledru. 1878-1884.-- Adolphe Euzenne, 1884.
Infos supplémentaires :
L'intrus Rousier est prêtre à Gesvres, 8 août
1791 ; curé à Lignières, 15 août, desservant
à Gesvres, 3 sept. ; curé à Lignières, 28
sept., 11 janvier 1792. — Malgré toutes ses palinodies,
Ronnnay, ex-curé et noble, est arrêté parce qu'il
« continue toujours à porter
la robe fanatique, » 7 août 1794. Trois prêtres réfractaires
: Et. Guillaume, Jacq. Laigneau et Jacq. Ripault sont décrétés
d'arrestation, le 24 janv. 1798.
Presbytère, laissé en mauvais
état par la Révolution, construit à neuf, 1874,
sur les plans M.Godin architecte. Devis, 29.514 fr.
Cimetière contigu à l'église,
planté d'ormeaux, 1746. transféré, 1835, sur la
route de Joué-du-Bois, dans un lieu nommé Chartrain, autrefois
Chertemps, où l'on avait déjà enterré pendant
l'épidémie de 1637. Les ouvriers du pays avaient, aux
XVIIe et XVIIIE s., une réelle habileté pour sculpter
sur les dalles de granit de longues inscriptions composées de
grandes majuscules en relief.
A l'angle des routes de Couptrain et d'Orgères. à 500
m. de l'église, s'élève une coquette chapelle en
pierre blanche, de style flamboyant, dite du Calvaire et dédiée
à saint Jean-Baptiste et a saint Paul. M. Hutin eut encore l'initiative
de cette œuvre (1860). dont M. Forton fit les frais; architecte,
M. Dromer, de Javron.
Ecoles - Jean Desrochers, prêtre
régent du collège, meurt, âgé de cinquante
ans, le 27 mai 1731. et André Desrochers, ancien « régent
et maître de pension du collège », décède
à son tour, âgé de quatre-vingt-sept ans, le 17
janvier 1777 — En 1700. Mme la comtesse de Tilliers, dame de Lignières,
donna une somme de 1.200# comme premier fonds d'un établissement
de sœurs d'écoles, et M. Jouannault. après s'être
adressé dans ce but aux sœurs de Saint-Lazare, demandant,
à défaut d'une sœur, une des filles que l'on renvoyait
pour manque de santé, puis à la communauté de «
madame de Rochefort, qui a succédé, dit-il, à functe
madame de Miramion ». confia la nouvelle école aux sœurs
de la Chapelle-au-Riboul, par acte devant Derouet, notaire, 1704. Anne
Lesage, première titulaire, mourut, âgée de soixante-quinze
ans, le 31 mars 1745. Aujourd'hui, instituteurs laïques ayant remplacé
en 1849 les Frères de Ruillé appelés par M. Vannier
en 1830. — Sœurs d'Evron pour les filles, définitivement
fondées en 1837. mais déjà en fonctions, d'après
M. Sauvage, en 1824.
Infos supplémentaires :
Huet, nommé maître d'école le 24 janv. 1793, se
faisait payer comme s'il avait cent cinquante élèves alors
que, de notoriété publique, il n'en avait que cinq ou
six. Il est remplacé le 15 nov. 1796 par Jacq. Barbes, qui n'avait
pas plus de succès quoique son école fût la seule
du canton et qui, mourant de faim, va partir, dit-on, au mois d'août
1799.
Marie Desroches fut nommée institutrice aussi en 1796, alors
que les deux anciennes maîtresses étaient toujours dans
leur maison, mais sans fonctions.
L'école communale tenue par les sœurs d'Evron a été
laïcisée par arrêté ministériel du 9
juillet 1906. — Ecole chrétienne libre tenue par des séculières.
Bureau de charité, 140 fr. de revenu.
Féodalité. — La seigneurie
paroissiale était attachée à la terre de Resné,
mais la justice, exercée par un bailli et un procureur fiscal,
avait son siège à l'auditoire du bourg de Lignières,
gros pavillon aux murs épais d un mètre, dont le premier
étage servait de prison. Claude Forton, concierge, fut tué
en 1627 par des prisonniers qui s'évadèrent, mais furent
repris et écartelés le 20 septembre 1627. Des avocats
se faisaient recevoir à ce siège. Un carcan était
fixé à une maison faisant face à l'église;
le gibet était sur la route de Ciral.
Notes historiques. — Plusieurs haches
en bronze ont été trouvées en 1839 (Desportes)
— Les principales localités de noms anciens sont : Resné,
Monthart, Étinoux, Villeneuve, Barbelinge, les Yeaux, Thelouze.
— La donation au chapitre du Mans par l'évéque Maynard
(940-960) d'un lieu nommé Linaria avec son église concerne
probablement Lignières-la-Doucelle. — Située sur
la lisière normande, la paroisse se trouva dès 1418 en
pays d'occupation anglaise; Henri V lui donna des lettres de sauvegarde.
En août et septembre 1444 , elle est pillée par la garnison
anglaise de Fresnay, commandée par Richard Wideville.
De nombreuses épidémies sévissent pendant le XVIIe
et XVIIIe s. — Dysenterie apportée d'Argentan, 1626. —
« Le mauvais mal » commence le 18 mars 1637 et dure jusqu'en
novembre ; on enterre dans les champs, dans les jardins; hiver rigoureux,
disette; en juin et juillet 1638, redoublement d'intensité de
l'épidémie, qui durait encore en 1639. — 1647, dysenterie
en septembre et octobre. — 1709, disette et hiver très
rigoureux qui fait périr presque tous les seigles. — 3
décembre 1712, passage des prisonniers faits à Bouchain
et conduits d'Alencon à la Ferté. — 1727, passage
d'un régiment polonais. — 1746, épizootie. —
Avril 1756-septembre 1758, épidémie dont le docteur Reuse
consigne les détails dans le Journal de médecine (t. IX,
p. 456-461). — 1787, nouvelle épidémie au commencement
de l'année. Rigault de Longrais, chirurgien à Couptrain,
qui avait soigné cent-vingt malades de fièvres putrides
et bilieuses, écrit le 2 mars ; « Ceux qui sont atteints
rendent des vers de toutes sortes. » II attribue la contagion
à la nourriture grossière, aux habitations malsaines,
au pays marécageux, et rejette une partie du mal sur les charlatans
et jugeurs d'eau qui « sont cause de la dépopulation du
pays ».
Le cahier de 1789,
signé de vingt-trois noms, demande la suppression d'un certain
nombre d'abbayes et de couvents, l'attribution à un hôpital
des biens de Saint-Ursin, la gratuité des sépultures et
des mariages, une capitation féminine de 24# sur les femmes portant
chapeau. Des troubles sérieux éclatent dès 1790
: au mois d'août, attroupement de jeunes gens qui arrachent de
l'église le banc seigneurial ; au mois de novembre, émeute
et dissolution de l'assemblée électorale, qui motive l'appel
et le séjour jusqu'au mois de janvier d'un détachement
comprenant trente hommes du Royal-Roussillon et de soixante gardes nationaux
de Couptrain et de Pré-en-Pail. — En 1795, les Chouans,
qui sont maîtres du pays, fusillent deux hommes dans le bourg
(4 mai) et font évacuer sur Lassay les administrations et les
armes (décembre). Un cantonnement occupe le bourg en 1797. mais
trop faible pour résister au soulèvement de 1799, on en
demande la suppression (5juin).
En 1805, un incendie détruit la moitié du bourg. —
1817, dysenterie. — 1822, épidémie moins meurtrière.
— 1871, une compagnie de quatre cents francs-tireurs occupe le
bourg et les villages, qui sont traités en pays conquis.
Infos supplémentaires :
Une élève sage-femme est envoyée suivre les cours
à Laval, 1793, et Jul. Belloche, oflicier de santé, est
chargé de soigner les pauvres. — Par testament du 11 juil.
1743, Franc. Dudouet, avocat, avait légué aux pauvres
le pré de l'Oliverie et les champs de la Pesnière.
Au commencement de 1783, un incendie dévora quarante maisons
dans le bourg.
Les opérations du recrutement donnèrent lieu, le 14 mars
1793, à des troubles sérieux. Lenormand, procureur syndic,
fut décrété d'arrestation pour propos antipatriotiques.
Mais le commissaire Juliot-Lérardière, assailli d'injures
et de menaces, dut s'enfuir. Il se vengea en faisant conduire dans les
prisons de Laval les suspects du canton, 19 nov.
Le maire Launay et ses acolytes, qui firent l'inventaire du mobilier
de l'église le 30 juin 1794, étaient dignes de leur mission.
Ils se transportent à l'église, disent-ils, « pour
aux fins de faire le recensement des bas, panaux, sangles et serpelières
des ânes qui avaient logé dans la sacristie. »
Des troubles graves motivent l'envoi, à Lignières, d'un
détachement de cavalerie, 29 janv.-1er févr. 1797. —
On nomme des experts pour fixer les contributions dont les rôles
ont été brûlés par les insurgés, 14
juin 1797. — Au mois d'août 1798, murmures contre les impôts
mobiliers, « plus graves que sous l'ancien régime, »
une école sans élèves pour tout le canton, commerce
de vaches et génisses en stagnation (Mémoire de Turpin,
commissaire). Un an plus tard, l'esprit public est perdu, les fonctionnaires
sont en danger ; les brigands parcouraient, le 13 août, les communes
de Saint-Calais et la Pallu. Le 20 octobre, Frotté passe la journée
dans le bourg avec 300 hommes qui réquisitionnent chez les acquéreurs
nationaux et chez l'intrus, auquel ils défendent d exercer, des
vivres, du linge, mais « sans faire grand mal. » Ils vont
coucher à la Motte-Fouquet. Les commissaires de la municipalité
sont retirés à Prez-en-Pail avec les archives, le
11 novembre. — Le 6 janvier 1800, nouvelle visite de 300 insurgés
; la proclamation des Consuls est sans effet, personne n'assistant à
la décade. Le 25, Beauregard, après avoir battu les républicains
à Saint-Patrice, vient coucher à Lignières et consomme
tous les vivres.
La reddition des Chouans, avec Bastard de Bouessay, leur chef, eut lieu
le 20 févr. 1800;
L 'inventaire de 1906 eut lieu le vendredi 9 mars. Les agents forcèrent,
pour entrer, une fenêtre de la sacristie. C'est dire que la population
protesta fortement contre la loi néfaste et contre son maire
du moment qui l'approuvait
Maires ; Louis Liberge, 1791. — Launay,
1792, 1793. — François Chartier, mars 1793. — Jacques
Barbe. 18 germinal an IV. — Jean Chevreuil, 14 messidor an IV.
— Pierre Jouin, président de l'administration cantonale.
— Julien Desrochers, maire, 7 prairial an VI. — Jean Treton.
26 ventôse an VIII. — Jean Féron, marchand, 21 thermidor
an VIII. — Jacques Barbe-Chandelier, 4 frimaire an IX. —
Charles Surblé, adjoint, faisant les fonctions de maire, 2 vendémiaire
an XIII. — Michel Délogé, de la Pallu, président
de l'administration cantonale, 23 sept. 1797, est rançonné
par les Chouans, 21 mars 1798 ; Drouet, adjoint ; Louis-Charles
Turpin-Provotière, 17 février 1808, 1811. -- Louis Liberge.
1811, 1819. —Jérôme Lemarchand, 1819-1837. —
René - Pierre-Antoine Gérard, 1837-1850. — Tranquille
Lecomte, adjoint, faisant les fonctions de maire, 1850, maire, 1852.
— Jean Treton,† 1869. — Desrochers, conseiller municipal
faisant les fonctions de maire, 1869, jusqu'au 4 septembre 1870, puis
commission républicaine composée de cinq membres. -- Félix
Mottier, 1871, 1882. -- Adolphe Hermon, 1882, 1884. — Adrien Treton.
adjoint. 1884-1887. — Adolphe Hermon. 1887-1892. -- Henri Gautier.
1892, 1900. — Treton, 1908.
Reg. par. depuis 1608. — H. Sauvage. Notice mss. — Chron.
par. de M. Hutin, curé. — Arch. de la M.. Bailliage de
Lignières. liasses B. 2.024-2.133. — Arch. de la S., B.
1.312. — Tit. de Saint-Ursin, au cab. Brière. aux Arch.
et à la Bibl. d'agriculture du Mans. —Revue du Maine, t.
XIX, p. 205 ; t. XXII. p. 308. — Pour les localités, v.
les art. : Resné, Saint-Ursin.