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LIGNIERES ORGERES

HISTOIRE
CAHIERS DE PLAINTES ET DOLEANCES DES PAROISSES

du 6 Mars 1789

 

Condoléances de la communauté et général des habitants de la paroisse de Lignières la Doucelle assemblés.
Depuis longtemps les habitants sont accablés sous le fardeau excessif de la multiplicité des impôts qu'ils onts étés obligés de payer, leur paroisse est grande et étendue, mais un terrain ingrat, beaucoup de terres incultes, elle est presque toute divisée par petittes portions ; pas une seule ferme de considération, ces petittcs propriétés sonts occupés ou par des pauvres ou par des gens si mal aisés qu'ils sonts sans pain des deux jours la semaine. Ils achètent pain ou grain les trois quarts de l'année. Aucune industrie n'y commerce dans celle paroisse, de tout temps elle s'est plainte, jamais elle n'a été écoutée. Le cri de la douleur a retenti jusqu'au ministère après avoir fatigué infructueusement les oreilles de leurs intendants. Ils onts toujours eu le malheur de voir leurs justes réclamations sans aucun succès, puisse l'heureux temps d'égalité revivre pour eux.
Demandent les dits habitants qu'il n'existe dans le royaume que deux seuls impôts, l'un sous le nom d'impôt territorial et l'autre sous le nom d'industrie.
La suppression des juridictions des eaux et forêts, gruries et Table de marbre, et la connoissance des contestalions attribuées aux baillages, que les bois et forêts de la couronne soient affermés par baux emphitéotiques pour cent ans.

Que les bureaux des finances, chambres des comptes et cours des aides soient supprimées.Que les élections, greniers à sel, traites et autres juridictions d'exception soient supprimées.
Que le sel soit marchand.
Que tous seigneurs, gentilshommes et autres privilégiés faisants valloir leurs biens par eux mêmes ou porteurs de leurs procurations de quelques nature que soient leurs dits biens payent l'impôt à l'instar du roturier.
Que les rentes seigneurialles soient déclarée amortissable au denier vingt, ou si l'on veut au denier trente, pourvu que les contrats d'acquêts soient exemps de lots et ventes, issues.
Que les banalités des moulins ne soient plus suivies, un chacun libre de faire moudre ses grains où bon lui semblera.
Que tous les biens hommagés, quoique possédés par des roturiers soient exemps de francs fiefs au Roy et rachats aux seigneurs, que tous ces biens enfin soient déclarés censifs.
Que les corvées dues aux seigneurs soient abolies; ainsi que les déclarations ou aveux qu'on leur rend, au cas d'amortissements des rentes seigneurialles.
Que toutes juridictions seigneurialles soient supprimées ; ou tout ou moins que de plusieurs il en soit fait un arrondissement, dans lequel chaque seigneur pourra nommer un officier dans un temps limité, faute de quoi il y sera pourvu par le Roy.
Que les enfants des roturiers vivants noblement soient admis au service militaire tout ainsi que la noblesse.
Que le Roy n'accorde à qui que ce soit aucune noblesse pour lui et sa postérité, mais seulement à celui qui l'aura méritée.
Qu'aucune noblesse ne sera concédée par charges ny autrement que par les armes ou service rendu à l'État.
Que tout seigneur qui aura plus qu'un laquais à son service ou à celui de son épouse, même veuve ou fille, paye au Roy par chaque laquais de plus, la somme de soixante livres par chacun an.
Que toutes les étoffes de soie, rubans, mousselines et marchandises venantes de l'étranger paye le triple de l'impôt qu'elles payent actuellement; que les femmes portant chapeaux payeront chacunes d'elles par chacun an vingt quatre livres au Roi sous le nom de capitation féminine.
Que les bénéficiers pour leur temporel payeront l'impôt territorial comme les autres habitants pour leurs biens.
Qu'aucun ecclésiastique ne pourra posséder qu'un bénéfice; que ceux qui en jouissent de plusieurs seront tenus d'opter dans un délai qui leur sera fixé.
Que les abbayes en commande soient toutes remises entre les mains du Roy pour par Sa Majesté en jouir des revenus comme les abbés comdataires ont pu faire.
Que dans les villes ou se trouveront plusieurs maisons religieuses du même ordre, elles soient réduites à une et de celles qui seront supprimées, les biens et revenus au profit de la couronne.
Que les maisons religieuses où il ne se trouve pas douze sujets ordinairement seront supprimées.
Qu'il ne soit payé aux curés, prieurs et autres bénéficiers aucune dixmes de sarrazin ou bled noir, vu que ce grain n'est fait que pour préparer les terres à recevoir l'ensemencement des seigles.
Qu'il ne leur soit payé non plus aucunes dixmes de chanvres, laines et agneaux ; que dans les campagnes ils soient tenus de faire les sépultures et mariages gratuitement. Que les dix sols pour livres aux controlles, insinuations, centième denier soient supprimés.
Qu'il ne sera établi aucun garde étalon dans les paroisses où il n'y aura pas vingt cavalles de taille et de qualité à être servies ou du moins qu'ils ne jouissent d'aucuns privilèges.
Que les gens d'affaires et gardes des seigneurs même demeurants chez eux ne jouissent d'aucunes exemption ny privilèges.
Demandent enfin les dits habitants que la maison de Saint Ursain, située dans leur paroisse, autrefois ordre des Croisiers. Et ainsi que les biens et revenus attachés aujourd'huy en litige entre le prince Louis de Rohan et le clergé du Mans, leur soit accordée et érigée en hôpital, vu le grand nombre de pauvres existants dans la ditte paroisse, et régi par deux administrateurs qui seronts choisis d'entre les notables habitants d'icelle.
Que les mineurs faisant valloir leur bien payent l'impôt comme s'ils étaient majeurs.
Que les seigneurs ne jouissent d'aucuns droits de coutumes et de péage, non plus que de mesurages dans les halles à grains, foires et marchés de bestiaux, vu qu'ils n'entretiennent plus les planches et chaussées sur leurs ruisseaux et rivières; plusieurs personnes y ont péri.
Que les grains soient taxés dans le royaume à un prix fixe, ou plutôt que l'exportation chez l'étranger n'en soit permise qu'au cas où il viendrait à vil prix.
Que les eaux de vie auronts leur exportation d'une province à autre.
Que les faisant valoir hors paroisse payeronts les impôts où les fonds sont situés.
Qu'il soit ouvert deux routes de charité l'une à partir de Saint Denis près Alençon jusqu'à Falaise passant par le bourg de Lignères, et l'autre du dit bourg à Préz en Pail.
Demandent encore qu'il n'existe dans le royaume qu'une seule coutume, une seule mezure, les mêmes poids et une même aulne.
Et enfin, qu'au cas où les intendances existeroient, que pour la commodité des paroisses, villes et bourgs éloignés, vu que la ditte paroisse est éloignée de Tours de trente et quelques lieues, il soit établi par le Roy dans la ville du Mans, un commissaire pour y rendre la justice sur les questions compétantes de l'Intendance et y recevoir les plaintes des paroisses.
Fait et arrêté par le général assemblé, ce six mars mil sept cents quatre vingt neuf, en l'audience du dit Lignieres.
Signé : M. DROUET, F. NORMAND, P. CIIARTIER, Julien CHAPELLE, René GERARD, Julien LEGENDRE, M. HERMON, Jean FERON, F. MAUGER, F. QUARTIER, Ch. LECHAT, G. DROUET, Julien FRENAIS, Louis DELAUNAY, J. BUISSON, P. DES ROCHERS, J. BELLOCHE, J. HERBINIERE, J. DROUET, J. NORMAND,
P. JOUIN, TURPIN, et F. MESNIL.