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LIGNIERES ORGERES

HISTOIRE

Dictionnaire de l' Abbé ANGOT

ORGERES

 

Canton de Conptrain (17 kil.) ; arrond. de Mayenne (47 kil. N.-E.), à 77 kil. de Laval. -- Capella as orgerens, 1243 (Historiens de France, t. XXIII) -- Orgères, 1312 (Bibl. nat., fr. 8.736). — Ecclesia de Orgeriis, XIVeme s. (Pouillé). — Parrochia de Orgeriis, 1418 (Mém. des Antiq. de Normandie, t. XV, p. 277). — Ecclesia de Orgeriis, XVeme s. (Pouillé). — N.-D. d'Orgères, 1560 (Ins. eccl.). — Orgières (Carte cénom.). — Orgères (Jaillot et Cassini).


Géologie. — « La majeure partie de la commune est occupée par le granite (massif de la Ferté-Macé), contre lequel, au sud, buttent par faille les grès ordoviciens et gothlandiens. — A signaler, un lambeau de sables et grès éocènes, de l'âge des grès à Sabalites. qui pénètre à l'ouest. » D.-P. CE.
Territoire montagneux (333, 325, 273 m.) où prennent leur source des sous-affluents lointains de la Mayenne, à demi enclavé dans l'Orne. Le bourg, situé au nord, « de douze à quinze maisons », dit Davelu, au S. duquel Jaillot fait passer la route de Lignières à la Ferté-Macé, est relié aujourd'hui avec Lignières-la-Doucelle (3.300 m. S.-E.) ; Saint-Patrice-du-Désert (6kil. S.-O.); la Motte-Fouquet (5 kil. 0.); Joué-du-Bois (3 kil. N.).
Superficie.- cadastrée en 1813 par MM. Coustillas et Faverie, 605 hect. — « Les deux tiers de la paroisse, écrit Miroménil (1696), sont en terre à seigle, avoine, sarrasin ; le reste en landes et bruyères; 6 métairies, 20 cordages ». Jaillot indique à l'O. du bourg les landes de la Motte, où les habitants avaient droit d'usage ; ils se plaignent en 1789 que le nouveau propriétaire en ait planté une partie en bois. « Cette paroisse, ajoute-t-on, qui ne contient qu'une lieue et demie de tour, est la plus malheureuse de toute l'élection du Mans. Depuis trente ans qu'elle a commencé à dépérir, elle est enfin arrivée au comble de sa ruine. La moitié consiste en rochers, broussailles et bruyères; le restant ne produit pas de quoi substancer la paroisse plus du quart de l'année et beaucoup sont obligés d'aller en Beauce, à Paris, à Versailles, afin de gagner quelque chose pour payer les impots ». Des tourbières qu'on exploitait et dans lesquelles on trouvait des troncs d'arbres assez forts, ont été vendues en 1835 au profit de la commune.


Population. : — Moyenne des naissances : 16 de 1634 à 1644; -- 2l, de 1700 à 1710. -- 168 feux en 1696 ; -- 505 hab. en I726 ; — de 300 à 350 communiants en 1778; — 97 feux en 1789; — 621 hab. en 1803; — 513 hab. en 1821; --603 hab. en 1831 ; -- 524 hab. en 1841 ; -- 528 hab. en 1851 ; -- 505 hab. en 1861 ; -- 482 hab. en 1871; -- 404 hab. en 1881 ; -- 387 hab. en 1891 ; -- 362 hab. en 1900, dont 109 agglomérés dans le bourg et le reste disséminé en 21 villages, fermes, closeries ou écarts. On comptait 26 fermes en 1843. En dépendent : la Lambertière, 43 hab. ; le Plessis, 23 hab. ; la Boulardière, 28 hab. ; l'Ormière, 2l hab. ; le Bas-Cadin, 20 hab. et le moulin de Cadin. --- 327 hab. en 1901; -- 292 hab. en 1906.

On a exploité des tourbières dans la commune.
Bureau de poste de Lignières ; perception de Couptrain.
Assemblée à la Saint-Louis, dans le bourg, « sur le plant Saint-Louis », et anciennement aussi à la chapelle de Guimbert.
Beaucoup de femmes avant la Révolution étaient occupées à faire le point de France, industrie déjà tombée en 1789. Actuellement, carrière de granit sur la route de Joué-du-Bois, ouverte depuis trente ans, occupant quinze ouvriers, et une autre plus récente, sur la route de Chérizay, d'où a été extrait le calvaire de Neuilly-le-Vendin, magnifique monolithe de dix mètres de long.
Paroisse, anciennement de l'archidiaconé de Passais et du doyenné de la Roche-Mabile ; — de l'élection du Mans, du ressort judiciaire de Mayenne et du grenier à sel de Villaines ; — du district de Villaines et du canton de Lignières en 1790; — de la Mission de Javron en 1797; érigée en succursale par décret du 5 nivôse an XIII, de l'archiprétré de N.-D. de Mayenne et du doyenné de Couplrain.

L'église, dédiée à N.-D. et non à saint Louis, qui a seulement sous son vocable la chapelle du côté de l'épitre, présente une déviation sensible de l'axe du chœur sur celui de la nef. Deux chapelles ouvrant sur le chœur ne datent que du XVIe ou XVIIe s. Une tour carrée, élevée en larges assises de granit contre la façade occidentale, couverte d'un toit en bâtiére, a été, par une particularité rare, signée et datée ainsi en caractères gothiques et chiffres romains : Ambroys Denos, M. CCCC. LXXVII, ce qu'une main plus moderne a traduit inexactement par la date 1458. La porte extérieure est en plein cintre, celle ouvrant sur l'église, ogivale. Les cintres intérieurs de la nef et des chapelles affectent le caractère roman, et sont ornés de macarons dans une moulure creuse, mais ce doit être là un remaniement moderne, sauf peut-être pour la nef. Au maître-autel, une Annonciation signée Le Page, peintre à Ranes, 1833. Saint-Pierre et Sainte-Geneviève ; dans la chapelle septentrionale, une Pietà on bois. Des traces de peintures étaient apparentes au lambris de la nef en 1842.
Perrine Bourge fonda une messe tous les samedis en 1611.

Infos supplémentaires : M. Lemaître, dans sa chronique, écrit qu'il a fait placer le retable du maître-autel; que l'ancien tabernacle était d'un travail soigné ; et que le lambris du chœur était peint d'ornements et de figures grotesques. Sur la route de la Ferté, à un kilom. du bourg, Jacq. Lebreton a fait élever, en 1886, un petit oratoire de Saint-Joseph, dont l'arcade ogivale est munie d'un grillage en fer.

Cure, à la présentation de l'évèque.
Curés : Cénéré Couppel. notaire du doyen de Passais. permute, 1560. — Michel Portais, curé de Saint-Aubin-Fosse-Louvain, 12 février 1560, résigne, 1561. — Guillaume Leblanc, août 1561. - Claude Sellier se démet, 1573. — Gilles Leroy, de Lignières-la-Doucelle, 13 février 1573. Guillaume Boullard. vicaire, signe le certificat de catholicité, 1577. — Marin Butet se démet à Savigny-l'évèque. 1580. — Noble Guillaume de la Motte, protonotaire apostolique, 19 avril 1580, démissionne, 1583. — Martin Lapoustre, de Ménil-Jean (Orne), mars 1583.— Pierre Antoine, de la Motte-Fouqué, pourvu par décès de Martin Butot, 27 février 1584, †1611. — Michel Fourmy, bachelier en droit canon, 30 mars 1611. maintenu contre Gervais Dassé, docteur en théologie, et Christophe Chaignon, maître es arts, résigne, 1612. — Guillaume Beroust, du diocèse de Séez, curé de Cauville (Manche), 5 juillet 1612. — François Huron permute. 1622. — Noël Hubert, curé de Saint-Thomas-de-Courceriers, avril 1622, construit la chapelle de Guimbert (1639), qu'il dote par son testament, 1650. — Guillaume Pottier, licencié es lois, frère d'Henri P., juge général d'Ambrières, 1677, 1678. — Jacques Retoust, obligé de se démettre pour avoir marié de nouveaux convertis sans avoir rempli les formalités, 1698. — Noble Alexandre de Barrioul, du diocèse de Séez, 27 juillet 1698, en procès avec ses paroissiens en 1715, démissionne, 1717. — Jean Loiseau. vicaire d'Orgères, août 1717, résigne sans effet, 1743, et effectivement, 1746. — Jacques Loiseau, neveu et vicaire du précédent, né à Saint-Patrice (Orne), 1716, installé le 10 octobre 1746, prête le 6 février 1791, un serment catholique et peut dire en toute vérité : « Depuis quarante-sept ans que la divine Providence m'a confié le gouvernement de cette paroisse, je me suis acquitté le plus exactement qu'il m'a été possible de mes devoirs ». Peu après le 9 mars 1792, date de son dernier acte signé, le curé d Orgères fut interné au couvent des Clarisses d'Alençon, puis transféré au mois d'octobre 1793, à Rambouillet, où il mourut le 7 août 1794. La Semaine religieuse de Séez lui a consacré une notice (année 1869, p. 341). M. Loiseau avait avec lui son neveu qui, après son départ, subit les plus mauvais traitements de la part des révolutionnaires. Le premier intrus acceptant fut Jean-Jacques Ledonné, ancien vicaire d'Orgères et de Crennes, qui paraît sur les registres du 20 avril au 12 juillet 1792. Il fut remplacé par Jacques Reboursier, qui signait encore le 19 janvier 1793, et se réfugia ensuite à Madré, sa paroisse natale.
La paroisse fut desservie pendant la Révolution par Jean-Bapliste Christophe, curé d'Hambers en 1803.
Après le Concordat: Jacques Ripaux, de Lignières, ancien religieux de Prémontré et curé constitutionnel de Trouville, caché à Orgères durant la Terreur, rétracta tous ses serments et exerça à partir de 1797 un ministère très actif dans toute la contrée. Poursuivi comme « prêtre réfractaire très dangereux, soufflant partout le feu du fanatisme », il fut arrêté, le 16 pluviose an VI (4 février 1798), par Charles Durocher, lieutenant de gendarmerie, au presbytère de Pré-en-Pail, « où il faisait l'école à plusieurs enfants », et conduit en prison à Laval, puis à Évron et au Mans. Après son élargissement, au mois de mai 1800, M. Ripaux vint se fixer à Orgères, y fut maintenu comme curé au Concordat et mourut, 1827. — Pierre Lemaitre, 1828, †1854, a laissé une chronique paroissiale intéressante. — Julien Lefoulon, 1854-1858. — Jean Gombert, 1858-1867. — Pierre-Augustin Dezalay, 1867-1873. — Henri Migoret-Lamberdière, 1873, † 1878. — Paul Prodhomme, 1878-1899. — Constant Mançon, 1899. -- Chesneau, 1909.
Presbytère contigu à l'église, laissé en bon état par la Révolution.
Cimetière autour de l'église. La croix porte ces mots : Plemunnier. Priez pour les trépassés, 1705.
Écoles. — II y eut une sœur d'école depuis 1730. — Aujourd'hui école mixte tenue par un instituteur laïque.
Féodalité. — Unie d'aussi loin qu'on le puisse savoir à la Motte-Fouqué, la seigneurie d'Orgères fit partie du marquisat érigé au commencement du XVIIIe s. Claude de Sansay, chevalier de l'ordre du roi, gentilhomme ordinaire de sa chambre, l'eut avant 1577 du chef de Marguerite de la Motte, qui était civilement séparée de biens en 1604. Pierre de Saint-Remy leur avait succédé en 1627, et vivait en 1655. Anne Bidon est dame de la Motte et d'Orgères en 1669; et la « comtesse de Saint-Remy » est mentionnée avec le même titre en 1696. François de Saint-Remy, seigneur de la Motte et d'Orgères, figure sur les registres paroissiaux en 1703. Enfin, Guy-Antoine de Saint-Simon, marquis de Courtomer, hérita de ces terres par son alliance avec Marie-Madeleine de Saint-Remy qui était veuve en 1753. Le domaine de la Motte-Fouqué fut vendu en 1772 par le marquis de Saint-Simon à David Faulcon, marquis de la Falcon-nière, officier supérieur des chevaux légers, à qui les émeutiers brûlèrent les pieds dans son lit au mois de juillet 1789.

Infos supplémentaires : La seigneurie d'Orgères échut de la succèssion de Françoise de Saint-Remy, décédée en 1719, à son oncle le marquis de Cossé de Saint-Remy, qui déclara que cette succession ne consistait que dans une métairie à Orgères et une rente de 200#. — La vente du 4 août 1772, en cour du Châtelet, se fit pour 80.000#.
Près des Roches d'Orgères on a trouvé une fort belle hache en pierre d'une pâte très fine, et très aiguisée.
Jeanne, fille de Jean Gase, de Caplla as Orgerens, au diocèse du Mans, fut guérie du mal de Saint-Eloi — elle avait neuf ulcères à la gorge — par l'intercession des saints de Savigny, 1243. Si insolite et probablement incorrect que soit ce nom pour désigner Orgères, je crois que l'attribution est acceptable. Capella peut être un nom commun ; il y a le Gassel à Orgères ; enfin l'article suivant concernant la guérison de Richilde, fille de Jean Lemonnier, de eadem villa, rappelle un nom très répandu à Orgères
.

Notes historiques. — Localités de noms anciens : Chérizay, Beauvais, Cadin, le Plessis, le Mesnil, le Gassel. — Henri V d'Angleterre donne des lettres de sauvegarde à Orgères en 1418. — Le 14 février 1593, une troupe de trois mille Anglais, sous les ordres du frère du général Norris, venant de la Ferté-Macé, s'arrêta à Orgères et se dirigea le lendemain sur Pré-en-Pail. — 1633, la peste sévit à O. et dans les paroisses voisines. — Hiver de 1788-1789, le froid fait périr le bétail et éclater les fûts dans les caves.
Le cahier de 1789, rédigé le 7 mars en présence de vingt-sept habitants majeurs dont seize ont signé, est probablement écrit, quoique absolument incorrect, par Thomas Mardelay, notaire, qui avait fait la convocation. Y ligurent aussi : Jean Leveillé, syndic, Louis Leroy, greffier, Jacques Desroches et Jacques Patrice, députés au Mans. Il est plein de récriminations contre le nouveau seigneur. Les habitants figurèrent au mois de juillet parmi les brûleurs du château ; une jeune fille de la paroisse courut avertir le malheureux comte que ses infirmités retinrent au lit. Les révolutionnaires de Lassay vinrent en 1793 saccager l'église.
Maires : Jacques Motier, an II. an III. — Gautier, 1798. — Julien Desrochers, 1800, 1803. — Louis Leroy, 1808-1811. — Pierre Lemaitre, 1811, 1815. — Pierre-Jacques Leroy, 1816. — Jacques Bourdon, 30 mars 1816. — Jean Mottier, 1827,1852. — Julien Desrochers, 10-28juin 1855. — Victor-François Mottier. 31 août 1855-1883. — Victor Desrochers, 1883-1888. — Normand, 1888. -- Leveillé, 1908; -- Druet, 1909.


Reg. par. depuis 1613. — H. Sauvage, Notice mss. — D. Piolin, Hist. de l'Eglise du Mans, t. VII, p. 44-45.— Rev. du Maine, t. XLVIII, p. 116.— Chron. par.— Arch. de la M., L. — Comm, hist. de la M., t. V, p. 144. — Pour les localités, v. lus art. : la Chevalerie, Guimbert, les Roches.