La famille de DOUCELLE possédait probablement dès le
XI è siècle la seigneurie de RESNé à titre
de sous - inféodation des barons de Mayenne. Quand il fit don
de l'église de Lignières à l'abbaye de saint Vincent,
Hervé de Doucelle était assisté de Geoffroy de
Mayenne, de Galon de Loupfougères, et de guillaume du Ham (vers
1040). Guillaume, son fils, possédait Resné à titre
héréditaire de son père. Guillaume II résidait
à resné en 1098.
Le dernier connu de la famille de Doucelle, Guillaume, est exécuteur
testamentaire de Guy VIII de Laval en 1295. C'est lui qui fonde le prieuré
de saint Ursin en 1302. Il est cité aux Francs - fiefs de Lignières
et en 1346 il est à nouveau cité comme frère de
Nicolas de Doucelle chanoine de saint Symplicien à Montigné
- Briand (Anjou). Il eut deux filles : Tiphaine et Jeanne. Tiphaine
de Doucelle épouse de Gauguelin, sire de férrières,
puis en seconde noces de Bernard de la Ferté, auquel elle communique
le privilège des sires de Doucelle de porter l'évêque
du Mans à son intronisation (il prenait le palefroi du prélat
avec le frein, la bride et la selle). Cette fonction était jalousement
conservée dans les familles féodales les plus anciennes.
Tiphaine de Doucelle teste et meurt à resné en 1363. Bernard
de la ferté, remarié, confirme en 1365 les legs pieux
de sa première femme.
Guillaume de Montauban, qui malgré un échange fait à
Dinan le 13 mai 1411 par lequel il cédait Resné et Lignières
pour les terres de Tournemine et de Montauban à Tiphaine Du Guesclin,
femme de Pierre de Tournemine, transmis cependant ses biens du Maine
à Jean de Montauban, son fils, amiral de France, lequel reçut
un aveu comme seigneur de Resné en 1434.
Resné appartenait en 1407 à la famille de Montauban d'où
il passa dans la maison de Rohan par le mariage en 1443 de Marie de
Montauban avec louis 1er de Rohan, vicomte de Rohan, qui était
fille de Jean de Montauban, amiral de France. Les seigneurs de Resné
formaient une puissante famille dont l'un des descendants a combattu
sous DuGuesclin.
Le 30 août 1530 par acte passé au château de Guémené,
Anne - Marie de Rohan, dame de Guémené, baronne de Montbason
et Louis de Rohan son fils, vendent la terre et châtellenie de
resné et saint Calais pour 2O.OOO livres à Jean Le Veneur,
chevalier seigneur de Houlme, Carrouges et lambreville, capitaine de
Vire (connu sous le nom de Jean IX) et à Guillonne de Montejean,
sa compagne et épouse, représentés au château
de Guémené pour la signature du contrat par Bertrand de
Pléguen, capitaine de Fougères. Guillonne de Montejean
vend le droit d'usage qu'elle peut avoir en forêt de Monnaie en
1556.
On voit figurer de cette famille à Lignières, Charlotte
Chabot, dame de Daray, veuve de François Jacques Le Veneur, chevalier
des ordre du roi en 1603 ; Henri Le Veneur comte de Tillières
(connu sous le nom de Jacques Tanneguy V) époux de Marie de nicolaï,
maréchal des camps et armées du roi 1746-1788. Ce dernier
demande en 1752 un sursis pour fournir ses titres concernant un droit
de péage à Lignières.
C'est de la famille Le Veneur de Carrouges, que le lieu de resné
a été acquis au XIX è siècle par monsieur
Appert de la Rouerie en Lignières.
L'acte de vente de la châtellenie de resné en 1530, nous
a fait voir qu'elle avait le droit de haute, moyenne et basse justice.
Les sentences étaient rendues au nom du seigneur par des officiers
par lui commis et dont les audiences se tenaient dans un bâtiment
qui existait encore en 1900 en face de l'actuelle route de Carrouges
et que l'on désignait sous le nom de l'auditoire. La matrice
cadastrale l'avait inscrit au nom du comte Le Veneura section 4-2°
feuillet sous le n°59 et sous la dénomination de "PRISON".
La salle d'audience était au premier étage, la justice
était rendue par le bailli et des avocats étaient inscrits
à sa barre. La prison était au deuxième étage,
au-dessus de la salle d'audience. Un toit élevé et conique
faisait distinguer ce bâtiment qui paraissait être du XVIè
siècle et dont les murs étaient épais d'un mètre.
La prison de Lignières abritait un poste de cinq cavaliers. Le
bailli qui était en même temps procureur du roi résidait
au village de la trigalle.
La châtellenie de Resné dont relevait également
Saint Calais était vassale de Mayenne. Le seigneur de Resné
avait le titre de fondateur de la paroisse.
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LE CHATEAU DE RESNE
En 1900 les douves alimentées par le ruisseau du Tilleul entouraient
encore de vastes jardins. L'étang actionnant le moulin défendait
le côté nord où se trouvait le pont -levis. La maison
avait une porte à moulures délicates et son linteau surmonté
d'un arc brisé. Au midi, une autre porte dont les pieds droits
ont de profondes moulures pénétrées par des amortissements
en pointes partant de la base. Un petit enclos se nommait le cimetière.
Vers 1800 il ne restait que la cour pavée en pierres unies, assemblées
entre -elles par des liens de fer scellés. Le moulin a disparu
dans un incendie vers 1890. Du jour où la famille Le Veneur a
acquis le château de Carrouges, elle cessa d'entretenir celui
de Resné et y installa un fermier général chargé
de concentrer et réunir les revenus.
Tous les titres et papiers du bailliage des châtellenies de Lignières,
Resné et Saint Calais étaient soigneusement conservés
en la maison de Resné.
Lorsqu'arriva la Révolution de 1789, plusieurs individus de Lignières
étaient allés trouver le sieur Dumesnil, fermier générai
de la propriété de Resné voulant le contraindre
à leur livrer tous les papiers et titres pour les jeter au feu,
mais celui-ci étant parvenu à les détourner de
leurs projets, crût prudent de les faire transporter au château
de Carrouges. Malheureusement quelques temps plus tard ils devinrent
avec les documents de Carrouges, la proie des flammes.
Marcel LANGRIS