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LIGNIERES ORGERES

HISTOIRE

 

LE TRAIN A-T-IL FAILLI PASSER PAR LIGNIERES ?

Lorsque j'étais enfant ma grand-mère m'a maintes fois répété que le train qui arrivait jadis jusqu'à Carrouges aurait dû être prolongé jusqu'à Lignières. J'ai entendu cette version d'autres Anciens.
Mais qu'en fut-il réellement ?
Au cours du 19e siècle, la France s'est dotée d'un important réseau de voies ferrées dont le cœur était la capitale. Les lignes "principales" - encore aujourd'hui ! - relièrent, dans l'Ouest, Paris à Cherbourg, à Granville et à Brest. Les voies dites "secondaires" constituèrent un maillage irrégulier, assez lâche dans nos régions donc avec de grands vides. Longtemps les gens circulèrent à pied, à bicyclette, en carriole, en "voitures publiques" à cheval (par exemple Argentan - Boucé -Carrouges)... et par le train, souvent en association, et lentement au total !
La véritable transformation - par l'automobile - est venue tardivement, après la Seconde guerre mondiale pour la très large majorité des habitants.
Alors et le train ?
Le premier projet est ancien qui sera adopté le 27 juin 1879 par le conseil municipal d'Argentan : il consistait à prolonger le chemin de fer de Mayenne à Pré-en-Pail par Lignières-la-Doucelle, avant de rejoindre Carrouges, Boucé, Argentan, Trun et Vimoutiers. Ce projet "Pré-en-Pail - Vimoutiers" ne reçoit pas l'accord du Sénat et fut rapidement abandonné. Des solutions de repli furent proposées sous la forme d'un tramway départemental qui s'inscrira dans les "Voies ferrées économiques de l'Orne" (VFEO).
Mais pour en arriver là il fallut bien des discussions à Argentan notamment, au Conseil général de l'Orne aussi et beaucoup d'opiniâtreté à quelques personnalités pour en mener à bien la réalisation concrète. La décision semble irréversible en 1904 et l'utilité publique est reconnue en 1905 mais ce n'est qu'en 1913 que la mise en service a lieu et en trois fois : Argentan à Trun d'abord, puis Argentan à Boucé et enfin Boucé à Carrouges le 30 décembre.
Au total 54 km de voies à écartement métrique. La liaison Argentan - Carrouges (30 km 600) demande 1 heure 10 - quand tout va bien ! Un énorme progrès par rapport à la voiture publique (3 heures)
Le matériel évoluera : locomotives à vapeur puis automotrices de Dion Bouton, voitures et wagons spécialisés, avec aménagements divers.
Dés le début de l'exploitation, la ligne est desservie à raison de trois aller et retour quotidiens. La guerre réduit le rythme et menace l'existence même du "train" : on parle de réquisitionner les rails pour le front...
A partir de 1921 le trafic croît, le matériel est amélioré. Ainsi va l'exploitation jusqu'en 1934 : le Conseil général estime alors que le train est dépassé. Les VFEO sont affermées à la "Société Centrale des Chemins de Fer" (SSCF) autorisée à remplacer les tramways par des transports automobiles. Un train circule encore chaque jour en 1935, supprimé l'année suivante. La ligne est déclassée en 1941 et la "STAO" remplace la SCCF.
Des vestiges subsistent : des gares essentiellement, notamment celle de Carrouges où se trouvent les services de l'Equipement. Toutes les haltes ont disparu, celle de Fleuré fut la dernière.


Et la desserte de Lignières ?


Elle ne fut jamais assurée...car jamais prévue par le tramway. Aux extrémités de la ligne deux tronçons étaient envisagés : Trun à Vimoutiers au nord, Carrouges à La Lacelle au sud. Les deux ne furent pas construits mais même si le second l'avait été, Lignières serait restée à l'écart et ce pour une raison bien simple : on ne pouvait, avec les VFEO mêler l'Orne à la Mayenne ! Le trajet - logique géographiquement - passait par Saint-Martin-des-Landes, le Biot et Ciral pour rejoindre La Lacelle et trouver une correspondance avec la "grande ligne".
Les idées reçues sont parfois tenaces mais la réalité est donc autre. Seul le projet de 1879 aurait permis une desserte... qui serait aujourd'hui oubliée mais qui aurait sans doute modifié le développement local.


Christian FERAULT (Bulletin municipal N° 15 en 2001)