Bienvenue sur le Site officiel de

LIGNIERES ORGERES

HISTOIRE

HISTOIRE LOCALE

par Marcel LANGRIS

(d'après ses recherches)

 

COMMENT LIGNIERES ET ORGERES ONT VECU LA RUPTURE EGLISE-NATION 1791-1793

Le 4 Janvier 1791 application de la loi concernant le serment de fidélité que doivent prêter tous les ecclésiastiques . le décret ne sera proclamé que le 30 Janvier à Lignières. Antoine de Ronay resté prêtre habitué de Lignières prête un serment restrictif le 6 février suivi le 13 d'un serment schismatique et deviendra le vicaire de l'intrus à son arrivée. Ambroise le Mol,le curé de Lignières prête le 6 février un serment catholique , puis un serment schismatique qu'il retractera ensuite,ce qui lui vaudra d'être déporté à l'ile de Jersey en 1793 .Les deux vicaires Guillaume Martin et François Thommeret persistent dans le serment catholique ; le premier sera déporté en Angleterre d'où il reviendra en 1795 à la Chapelle Moche sa paroisse natale , le second restera caché dans le pays.
A Orgères , ce 6 février Mr Loiseau prête un serment catholique ou il dit en toute vérité "depuis 47 ans que la divine providence m'a confié le gouvernement de cette paroisse, je me suis acquitté le plus exactement de mes devoirs à l'égard de mes paroissiens" serment signé J. Loiseau et Mordeley ,notaire royal et secrétaire de la municipalité de la paroisse d'Orgères.Le vénérable curé Mr Loiseau fut emmené en prison à Alençon au couvent des Clarisses au printemps 1792 puis à Rambouillet en Octobre 1793 où il mourut de fatigue et de mauvais traitement le 7 Août 1794 à l'âge de 78 ans.
En Mayenne sur les 650 prêtres appartenant au clergé paroissial : 120 ont prêté un serment pur et simple , 216 ont refusé de prêter serment , 263 ont prêté un serment restrictif et 51 ont prêté un serment avec préambule. Les prêtres sont donc confrontés à un difficile dilemme : Choisir entre l'Autorité de l'Assemblée Constituante et leur conviction intérieure.
Le 3 Mars , décision d'envoyer à la fonte toute l'argenterie des églises.Le 10 Mars Pie VI condamne la constitution civile du clergé. Dès le 7 février une vente nationale eut lieu à l'église st georges de Villaines la Juhel où tous les biens de St Ursin furent adjugés pour plus de 47.000 livres au Citoyen Juliot Lérardière.
Les copies des serments prêtés par les prêtres de Lignières sont signées Liberge Louis Maire de Lignières qui semble avoir gardé cette fonction une partie de 1791 avant d'être remplacé par François Chartier (Mars 1793 au 17 germinal an IV). A Orgères Jacques Mottier est Maire (Ans II et III) .
Le 15 Août 1791 on installe comme curé schismatique le citoyen Martin Rouzier. Il restera en place jusqu'au 26 Novembre 1793 , honni de tous pour sa rage dénonciatrice contre les catholiques . L'abbé Thommeret célébrait la messe la nuit en cachette dans une grange au village de la Vannerie.
Les 20 et 25 Septembre publication de lois ordonnant le transfert des registres d'Etat-Civil des églises aux Mairies ; le 29 Septembre publication du décret contre les prêtres réfractaires leur enjoignant de prêter le serment de fidélité.
1792 fut une année très pluvieuse. On eut beaucoup de peine à ramasser les foins à cause de la grande quantité de pluie qui tomba de la St Jean jusqu'à la fin Juin.Débordement des rivières.L'eau tomba aussi en grande quantité au moment de la récolte de sarazins les faisant germer.Tout augmente , le pain blanc vaut 4 sous la livre, les oeufs 12 sous la douzaine, le beurre 15 sous la livre ; il y eut beaucoup de légumes mais peu de fruits.
Le premier intrus acceptant la cure d'Orgères fut Jean-Jacques Ledonné ancien vicaire d'Orgères et de Crennes qui parait sur les registres du 20 Avril au 12 Juillet 1792. Il fut remplacé par Jacques Reboursier qui signait encore le 19 Janvier 1793 et se réfugia ensuite à Madré sa paroisse natale.

28 Mai , parution d'un décret décidant la déportation des prêtres réfractaires. Composée le 25 Avril par Rouget de Lisle , le chant de guerre de l'armée du Rhin devient le 30 Juillet "la Marseillaise" .
Le 9 Août 1792 , le curé constitutionnel Martin Rouzier procède à la bénédiction de 3 nouvelles cloches : la première nommée Antoinette de la Concorde par Antoine de Ronay de 986 livres , la deuxième sera nommée Anne Marguerite par Jean-Baptiste Julio-Lérardière juge au tribunal du district de Villaines et d'un poids de 664 livres et 1 troisième Antoinette Louise par Turpin Provostière Juge de Paix du Canton de Lignières, d'un poids de 529 livres.
Le 18 Août , proclamation de la loi supprimant les congrégations religieuses et le 26 il est donné 8 jours aus prêtres réfractaires pour quitter la France ou alors ce sera la déportation en Guyanne.
Première quizaine de Mars 1793 premiers troubles en Vendée. 7 Septembre les soeurs de la chapelle au Riboul doivent quitter leurs établissements ayant refusé de prêter serment. Il leur est alors interdit d'instruire les Enfants. L'Ecole de Lignières est alors touchée par cet arrêté du Directoire du Département.
5 Octobre , adoption du calendrier Républicain . L'anné commence le 22 Septembre 1792 pour la fondation de la République (effet rétroactif) et le 24 Octobre Fabre d'Eglantine (député) fait adopter son projet consistant à changer le nom des mois.
Deuxième quinzaine de Novembre , fermeture des églises et pillage des objets du culte.Les fervents de la Révolution s'attaquent à l'église d'Orgères. Ils brisent la statue St Louis, les croix , les autels , les bénitiers et les fonds baptismaux. Ils se donne le plaisir d'allumer un grand feu dans le cimetière pour y brûler chasubles , ornements et livres de chant. Les objets plus précieux,vases sacrés,croix argentées allèrent grossir le trésor du gouvernement. La grosse cloche de l'église et celle de la chapelle de Guimbert furent aussi emmenées. Pendant plusieurs années les églises demeurèrent fermées.

DANS LES DERNIERES ANNEES DU XVIII SIECLE

LAUNAY qui était Maire de Lignières en 1791-1793 semblerait l'être toujours en 1794 car ce serait lui qui le 30 Juin 1794 dirigea l'inventaire de l'église de Lignières pour en recenser "les bas,pannaux, sangles et serpillières des ânes qui avaient logé dans la sacristie" /
Jacques MOTTIER est Maire d'Orgères,ans II et III de la République .
En Février 1795,1e général Dupont-Dutertre organise une ligne de petits postes à la limite de l'Orne,de la Sarthe et de la Mayenne pour empêcher le passage des chouans d'un département à l'autre. La Mayenne est alors gardée par 27 postes de 25 à 111 hommes. Le poste de Lignières est prévu pour 50 hommes,aucun poste n'est prévu à Orgères.
Le 15 floréal an III (4 mai 1795), les chouans de Frotté, abordés en Bretagne à la fin de Janvier 1795.occupent le bourg de Lignières et fusillent 2 patriotes vers 10 heures du matin.Tout les canton est acquis aux chouans de Frotté,et ses partisans se sont multipliés à tel point que l'administration centrale ordonne le 25 Février 1796 aux armuriers et serruriers de se retirer sous 3 jours à Pré-En-Pail afin de ne pouvoir réparer leurs armes.Les administrations sont évacuées vers Lassay en décembre 1795.
Le 15 août 1795 le franc devient l'unité monaitaire.
Jacques BARBE est Maire de Lignières le 18 germinal an IV.Jacques CHEVREUIL le sera à son tour le 14 messidor de ce même an IV jusqu'au 20 frimaire an VI. Pierre JOUIN est alors président de l'administration cantonale et Claude GAUTIER agent municipal du 21 nivôse an VI au 20 germinal an VI .
Pendant les années III à VI,Gaspart TURPIN ancien président du grenier à sel de carrouges est juge de paix à Lignières en remplacement de Louis Charles Augustin TURPIN qui devient le 12 nivôse an VI commissaire exécutif auprès de l'administration cantonale de Lignières. L'an X le verra premier suppléant de Juge de paix à Couptrain et plus tard en l'an XIII magistrat à Laval, puis de 1808 à 1811 Maire de Lignières où il sera revenu. L'année 1804 l'aura aussi vu conseiller d'arrondissement pour le canton de Couptrain. la constitution de l'an VIII (1800) en simplifiant les rouages administratifs avait supprimé les 3 cantons de Lignières, Couptrain et Javron , pour les fusionner en un seul à Couptrain, point tout à fait central .
Le 4 décembre 1796,une loi est favorable aux prêtres et aux cultes , les prêtres réfractaires commencent alors à revenir en France .
En 1797 on estime à Lignières que le meilleur moyen de ne plus payer de contributions est de brûler les rôles.Cette façon de liquider n'est pas du goût des agents du fisc. Ce geste motive l'envoi d'un détachement de cavalerie dans le bourg de Lignières le 29 Janvier 1797 . On nomma alors des experts pour fixer les contributions des 1er février et 14 Juin 1797 et les rôles furent rétablis.
En 1797 Monseigneur de Gonsans.quoiqu'en exil à Padeborn,donna à son diocèse de nouvelles circonscriptions et le partagea en 20 missions afin d'en faciliter l'administration spirituelle. Javron fut le chef-lieu de la 12è mission qui comporta 40 paroisses au nombre desquelles se trouva Lignières.
L'an VI (1798)apporte de nouveaux changements,le 3 floréal,Michel DELOGE et installé juge de paix à Lignières,poste qu'il occupera jusqu'en l'an IX . Le 7 prairial julien DESROCHERS devient Maire de Lignières.
Michel DELOGE de La Pallu président de l'administration cantonale depuis le 23 Septembre 1797 est rançonné par les chouans le 21 Mars 1798 et le 27 Mai dla même année le capitaine Villette-Boinsier à la tète de bandes d'insurgés parcours les cantons de Lignières et de Pré-En-Pail .
Au mois d'Août 1798 le mécontentement est général à Lignières.On s'agite,on menace contre les impôts mobiliers,plus lourds que sous l'ancien régime,contre l'école sans élèves qu'il faut payer,portant la seule du canton,contre la stagnation du commerce des vaches et génisses (la richesse du pays).On sent souffler un vent de révolte.

Si le registre de 1 'état du diocèse de 1778 dit "le peuple parait instruit " il n'en est pas de même en cette fin du XVIIIeme siècle.Huet nommé Maitre d'Ecole le 24 janvier 1793 se faisait payer comme si son école était pleine alors qu'il n'avait que 5 ou 6 élèves.Il est remplacé le 15 Novembre 1796 par Jacques BARBE qui n'a pas plus de succès et qui mourrant de faim partira a mois d'Août 1799-
Trois prêtres refractaires qui se trouvaient sur le territoire de Lignières sont décrétés d'arrestation le 24 Janvier 1798 . Ce sont E.Guillaume,Jacques Laigneau et Jacques Ripault. Quant à Monsieur le Mol curé légitime de Lignières il est toujours en exil à Jersey.
L'abbé Jacques Ripault né à Lignières,ancien religieux prémontré et curé constitutionnel de Trouville avait retracté tous ses serments.Il vint à Orgères en 1797 et fut obligé de loger chez une vieille fille et dire la messe dans une grange du bourg.Il exerçait les fonctions de pasteur et d'instituteur.Le 16 pluviôse an VI (4 février 1798) en vertu d'un mandat d'arrêt il fut arrêté par les gendarmes commandés par Charles Durocher lieutenant de gendarmerie,au presbytêre de Pré-En-Pail où il faisait l'école à plusieurs enfants et conduit en prison à Laval,Evron puis au Mans.
Gautier est Maire d'Orgères en 1798 .

Au mois de septembre 1799 à l'époque ou le consulat succède au Directoire, la chouannerie locale est particulièrement active. Le 20 octobre 1799, 300 chouans passent par LIGNIERES, réquisitionnent les acquéreurs de biens nationnaux et repartent vers cinq heures "sans faire grand mal" pour le château de la Motte-Fouquet en promettant de revenir à la Toussaint. Le commissaire de la République n'attendra point leur retour et décampera à PRE EN PAIL en emportant les archives.
Avec janvier 1800, le feu de la guerre civile se rallume sur tous les points à la fois. Le 6 janvier nouvelle visite de 300 chouans de Frotté qui occupent LIGNIERES, et toute la région est sillonnée par ses troupes. Dans les cantons occupés par les insurgés, les proclamations des consuls, tendant notamment à accorder des tolérances dans l'exercice des cultes, ne sont pour la plupart ni affichées, ni publiées. A LIGNIERES, elles ne sont pas publiées pour la raison que personne n'assiste plus aux décades. Le 25 janvier, les chouans de Mérille-Beauregard, poussent une pointe dans l'orne, battent les républicains à Saint Patrice du Désert et viennent coucher à LIGNIERES où ils consomment toutes les vivres. Ils en repartent le lendemain pour Saint Cyr en Pail. De Frotté arrêté le 15 février et fusillé le 18, ne fait pas désarmer les chouans qui occupent encore une partie du canton de LIGNIERES et des cantons voisins. Les chouans de LIGNIERES avec leur chef, Bastard de Bouessay, se soumettent le 20 mars 1800.
Un arrêté du 29 décembre 1799, stipulait que tous les prêtres devaient promettre fidélité à la constitution de l'an VIII sous peine d'expulsion du territoire, le 20 juin 1800, le Sous-Préfet de Mayenne avertit le Préfet des graves désordes qu'il prévoyait s'il lui fallait exiger l'acte de soumission dans toute sa rigueur. Le 23 août 1801, le Préfet suite aux circonstances, écrivait au Sous-Préfet de Mayenne de fermer les yeux sur ceux qui n'avaient pas encore fait le serment de fidélité et de ne pas les empêcher d'exercer leur ministère. "Je veux la conciliation, écrivait-il".

Parmi les insoumis Charles Le Mol curé de LIGNIERES. Revenu d'exil en 1802, il restera curé de LIGNIERES jusqu'à son décès en 1808. En attendant le retour de captivité de Monsieur Le Mol, la paroisse de LIGNIERES était desservie en 1799 par un prêtre nommé Lanoë et de 1800 à 1802 par J. Levayer qui quittera en décembre 1809. Il sera remplacé en janvier 1810 par Pierre Anne Martin.
Jacques Barbe (Chandelier) est Maire de LIGNIERES le 4 frimaire an IX
(II serait le fils de Jacques BARBE, Maire de LIGNIERES en l'an IV). Charles Surblé fait les fonctions de Maire le 2 vendémiaire an XIII, Louis Charles Turpin-Provostière est Maire du 6 juin 1808 à octobre l811 date à laquelle il cédera la place à Louis Liberge.
La moitié du bourg de LIGNIERES-LA-DOUCELLE est détruite par un incendie en 1805. Cet incendie débuta dans la rue dite "Rue de Caen".


A ORGERES LA ROCHE en 1810, avec la vente de matériaux restants de la démolition du presbytère ont fit faire à l'Eglise le tabernacle, le marche-pied et la table du Maitre d'autel pour la somme de 300 francs, ce qui permit à l'Abbé Ripault de célébrer à nouveau la messe dans l'Eglise d'ORGERES. L' Abbé Ripault qui avait été arrêté en 1798, était revenu à ORGERES en fin 1799 et restera curé d'ORGERES jusqu'au 6 février 1827, date de sa mort.
La petite cloche de l'Eglise d'ORGERES date du début du 19ème siècle et porte l'inscription suivante : "J'ai été fondue en l'an X de la République Française et nommée Marie Geneviève par Mtre Pierre Bisson laboureur et par Marie Geneviève Defourneaux épouse Leveillé. Leroy Maire." Sur le bas de la cloche : "Pique Fondeur".
Julien DESROCHERS est Maire d'ORGERES de 1800 à 1803, lui succède Louis Leroy de 1803 à 1811. Pierre Lemaitre devient Maire en 1811.
L'assemblée annuelle d'ORGERES LA ROCHE avait lieu à la Saint Louis, dans le bourg "sur le plan de la saint Louis". A l'occasion de l'assemblée on y vendait jusqu'à sept tonneaux de Clairet (cidre du pays) soit environ 7000 litres, au point qu'un jour des environs de 1800, une querelle fut suivie d'un combat où l'on sonna le tocsin. Les "Gens d'armes" furent désarmés et heureux de s'échapper sains et saufs.

La population de L1GNIERES était en 1803 de 2600 habitants et celle d'ORGERES en cette même année 1803 de 621 habitants.
Quelques indications sur l'instructions de 1801 et 1802, à LIGNIERES: 1801 : sur les 75 actes de baptême inscrits sur les registres paroissiaux, il y a 16 actes ou les parrains et les marraines signent, 29 actes ou seulement un seul signe et 30 où les deux déclarent ne pas savoir signer. Pour 1802 les chiffres sont de 21, 36 et 39 pour 96 actes enregistrés sur les registres paroissiaux.
En 1801 : sur 7 actes de mariage, 1 seul ou les deux époux signent, 1 ou un seul signe et 5 ou aucun ne sait signer. En 1802 sur 19 actes de mariage les chiffres sont de 6, 7 et 6.

MARCEL LANGRIS