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LIGNIERES ORGERES

HISTOIRE

 

EPIGRAPHIE DE LA MAYENNE

EXTRAIT DU LIVRE DE L'ABBE ANGOT

 

ORGERES

MCI. —L'église, dont le chœur est roman, fut dotée au xve siècle d'une tour accolée à la façade ouest et qui, circonstance bien rare pour cette époque, porte gravés en grands caractères gothiques le nom de l'ouvrier et la date. Cette inscription se lit sur deux côtés d'une pierre d'écoinçon, à l'angle sud-ouest, à la hauteur de quatre environ.
Le nom qui figure ici, fréquemment porté encore dans le pays au XVIIIe siècle, n'est point celui d'un curé, car on n'aurait pas manqué de faire mention de sa qualité par l'initiale de Messire et par la lettre P = prêtre. Ambroise Denos ou Desnos est l'architecte de ce travail, bien exécuté, en granit du pays, d'une certaine hardiesse d'élévation, solide, mais sans aucun ornement. On ne saurait dire si le travail de gravure a été fait avant ou après la pose de l'écoinçon. Mais il n'est pas douteux que le millésime 1458 en chiffres arabes, gravé en creux sur un fort moellon, ne soit une lecture fautive, relativement moderne, des caractères assez peu lisibles de la première date.

MCII. — Le piédestal de la croix du cimetière a une inscription commémorative, avec exhortation à la prière pour les morts.
La croix a été faite et gravée par celui qui fit le calvaire avec inscription du bourg de la Pallu et qui grava la première pierre de l'église de Lignières, s'il n'en fut pas même l'architecte. Ce nom reste toujours à trouver. Pierre Lemunnier ou plutôt Lemeusnier est connu ; marchand tanneur à la Motte-Fouquet, il fit de nombreuses acquisitions à Orgères et donna en 1722 à Etienne Lemeusnier, son fils, un titre sacerdotal sur immeubles au même lieu. François-Pierre Lemeusnier était vicaire à Orgères en 1758.


MCIII. — Sur la route de Lignières est une petite chapelle dite de Guimbert ou de Notre-Dame-de-Grâces. Au linteau de la porte sont gravés le nom du fondateur, la date et le vocable de la chapelle.
Malgré l'inscription de 1711, postérieure comme on voit de quatre-vingts ans à la fondation, le vocable a été constamment Notre-Dame-de-Grâces. Noël Hubert, curé de Saint-Thomas-de-Gourceriers, permuta au mois d'avril 1622 avec François Huron, curé d'Orgères; par testament du 10 janvier 1650, il dota la chapelle qu'il avait construite en 1639 d'une rente de 30#, à charge de deux messes par mois. Une procession et une assemblée eurent lieu autour de la chapelle jusqu'en 1831. Celui et celle qui acceptaient les deux plus gros cierges étaient roi et reine, tenaient la tête de la procession et devaient, l'année suivante, rendre un cierge de même grosseur.

 

LIGNIERES

 

DCCCXCIX. - - Lignières a la seule église reconstruite toute d'une pièce au XVIIIe siècle qui existe dans le département. Une tour ayant été bâtie à la façade en 1898, on a retrouvé dans les fondations la première pierre de l'église construite en 1712.
Le curé qui bâtit cette vaste église à ses frais, Abel Mandoux, était un ancien missionnaire du Canada auquel son successeur a consacré une note élogieuse et méritée dans les Registres paroissiaux : « Me Abel Mandoux, originaire de la paroisse de « Recueil, au-delà du Mans, curé de Lignières, étoit entré dans la maison des Missions Étrangères, à Paris ; ensuite il passa dans le Canada en qualité de missionnaire pour prêcher la foy aux sauvages et aux infidèles, et il fut curé dix ans de la « petite ville des Trois-Rivières ; ensuite il s'en fut à 400 lieues plus haut, dans l'Accadie, sur le même continent, et y fut cinq ans, passant là son temps toujours dans « l'exercice des fonctions apostoliques. Un traité de paix par lequel Louis XIV céda « l'Accadie aux Anglois, fit revenir M. Mandoux en France. Son mérite et sa piété lui « firent donner, à son retour dans son pays, la cure de Lignières par Mgr de Tressan, « alors évoque du Mans, 1707. »
Le graveur de la pierre, qui est probablement l'entrepreneur ou architecte de l'église, a également élevé les deux calvaires de La Pallu en 1702 et d'Orgéres en 1705. Son nom reste encore à découvrir, mais il était certainement du pays.
On a relevé du pavage de l'église et mis à paver la seconde sacristie plusieurs pierres tombales en granit bien conservées. Toutes sont postérieures à la construction de l'église actuelle.

DCCCC. — La première contient une épitaphe rédigée pour une épouse enlevée par une mort prématurée et cruelle. Dans une forme très simple, elle exprime autant de religion que de douleur sincère.
La dureté du granit s'est vraiment prêtée dans cette circonstance à l'expression de nobles sentiments. Le D. O. M. en tête de la dalle funéraire, le que Dieu absolve intercalé dans l'épitaphe par l'époux si éprouvé témoignent de sa foi, et c'est pour rendre ses regrets plus vifs qu'il note le jour et l'heure de sa perte, l'âge par ans, mois et jours de celle qu'il pleure. L'enfant, né le 7 décembre, avait été baptisé à la maison en danger de mort et présenté en outre à l'église le même jour. Ces époux demeuraient à la Tripelière, lieu qui avait été si cruellement visité par l'épidémie en 1637 qu'on enterrait dans les jardins du village.

 

DCCCCI. — Une grande dalle, dont toute l'inscription est en bordure, sauf la date, est en partie cachée et le nom de la défunte est coupé, mais je puis le compléter grâce à l'acte d'émancipation de Jacques et Françoise Ernult, enfants de Nicolas Ernult, sieur des Coutures, et de Françoise Patrice, qui eut lieu en 1722 en présence de François Patrice, médecin à Saint-Calais, et d'Isaac Ernult, sieur des Coutures.

DCCCCII. — La tombe suivante est également un peu incomplète, mais les noms sont respectés. Une particularité de la gravure nous indique que l'ouvrier se servait du pochoir pour tracer ses mots et même qu'il le plaçait quelquefois à l'envers.
Je ne connais maître Charles Robidere que par un échange d'immeubles qu'il fait avec Michel Forton en 1708 ; mais la famille, très nombreuse sur cette lisière normande, s'est alliée avec un membre de la famille d'Anthenaise.


DCCCCIII. — Nous trouvons ensuite, par ordre de dates, la tombe d'un curé de la paroisse; elle n'est pas plus luxueuse que les autres, mais devait avoir sa place dans le chœur.
Urbain Loret, né en 1700 à Bonchamp de Jacques Loret, notaire, et d'Urbaine Lambert, pourvu de son titre sur le Boulay de Vaiges en 1721, « professa avec honneur la théologie au séminaire de Domfront pendant dix ans », devint curé de la Lacelle le 2 novembre 1732 et de Lignières le 4 novembre 1736. Son acte de décès porte qu'il fut « homme d'esprit et de mérite, fort entendu dans les affaires. »


DCCCCIV. — Nous ne représentons ici que la partie gravée de la pierre tombale de la première maîtresse d'école de Lignières, qui ne comprend que 0,85 de hauteur, tandis que la dalle entière en a plus du double.
L'établissement avait été offert en 1700 aux Sœurs de Saint-Vincent-de-Paul; elles ne purent accepter. A la suite d'une dotation de la comtesse de Tillières, les Sœurs de la Chapelle-au-Riboul vinrent en 1704. Anne Lesage, dont le vrai nom était Sagehomme, est qualifiée « supérieure de la communauté des sœurs de charité de cette paroisse de Lignières » dans son acte de décès, qui constate qu'elle fut enterrée dans le cimetière. Elle avait soixante-quinze ans à sa mort. Par testament olographe du 10 janvier 1744, elle lègue « à ses compagnes sœurs de la charité tous les acquêts qu'elle a faits de son bon ménagement et de celui de ses compagnes, même une rente constituée de 10#. Lesquels acquêts consistent dans une maison, fournil et dépendances et dans une pièce de terre nommé le Clos-Jacquin situé au bourg, pour par ses dites compagnes continuer de faire les écoles aux jeunes filles et soulager les pauvres malades. » Enfin elle lègue à ses compagnes sa part des meubles et effets qu'elles avaient en société. Françoise Lesage, qui fut aussi maîtresse, apparemment sœur ou nièce d'Anne Lesage, mourut, âgée de quatre-vingt-huit ans, le 9 février 1776.

DCCCCV. — Comme la précédente, la tombe du bailli de Lignières n'est couverte qu'à moitié par l'inscription.
René Patrice de la Fuye, d'une famille anciennement connue à Lignières dans la cléricature et les professions libérales, mari de Gillette Foucher, était lieutenant civil et criminel à Couptrain en 1746, bailli de la châtellenie de Lignières et procureur du roi au grenier à sel de Carrouges, 1754, membre du bureau de la Société d'agriculture du Mans. Deux de ses fils furent prêtres. La famille s'est fixée à Villaines-la-Juhel au XIXe siècle.

DCCGCVI. — La tombe d'Anne Garnier et de son mari étant engagée en grande partie dans le mur et n'ayant point de date dans la partie lisible, est presque impossible à attribuer.
On reconnaîtra facilement à la forme et à la dimension des lettres que toutes ces inscriptions en relief, sauf peut-être les deux premières, sont de la même main.

DCCCCVII. — Dans le bourg, une maison ancienne, dite le Château, conserve deux belles plaques de foyer en fonte. L'une porte au centre un écusson chargé d'un chevron accompagné en chef de deux étoiles et en pointe d'un lion. Les initiales R S sont aux deux angles supérieurs de la plaque et M G aux angles inférieurs, avec la date 1718 divisée par l'écusson.
La seconde a au centre un médaillon avec les mots LVCEM SPERO FIDE et deux écussons chargés l'un d'un chevron, l'autre de 10 merlettes, 4, 3, 2, 1. Au pourtour se lisent les sentences NOSCE TE IPSVM et NEMO MALVS FELIX et d'autres mots peu intelligibles, peut-être IOSEPH BOVCEY, nom du fondeur? Si le reste n'est pas du remplissage fantaisiste, il est au moins incompréhensible. Nous avons trouvé
d'autres plaques de foyer avec inscriptions à Lévaré, à Gorron et à Laval. Le tout peut provenir des forges de la lisière normande. Le « château » de Lignières appartenait, à la fin du XVIIIe siècle, à la famille Forton.

Au linteau de la fenêtre d'une maison, proche de l'église, se lit la date 1732.

DCCCCVIII. — Dans une cour où l'on entre par un porche, le linteau d'une porte donnant actuellement entrée dans une boulangerie, est marqué d'une initiale qu'on peut traduire probablement par Gérard ou Gautier qui sont les noms les plus répandus dans la paroisse.

DCCCCIX. — Sur la route de Cirai se trouve une croix dite « Croix Legendre », du nom d'une famille anciennement connue au pays. Si l'on doit voir dans les deux groupes d'initiales les noms de deux époux, on pourrait lire M(ICHEL) BR(ETON) ET I(EANNE) LEG(ENDRE).

DCCCCX. — Une croix qui était encore entière il y a vingt ans, mais qui n'a plus aujourd'hui qu'un seul tronçon sur le piédestal, est également située sur la route de Ciral ; elle est dite « Croix de Géladé ».
Jean Hermon, marchand, mari de Michelle Robidaire, fils de « gros laboureur» », dit un acte de 1724, eut pour fils Charles Hermon, qui eut son titre sacerdotal sur la Haie en 1757, fut curé constitutionnel, puis apostat, de Sargé.


DCCCCXI. — A la sortie du bourg, sur la route de Joué-du-Bois, la maison toujours habitée par la famille Pichon a sur son linteau l'inscription qu'on doit lire : François Pichon.
Aux Yaux, une maison est datée de 1668.

DCCCCXII. — A la Haie-Portais, où habite encore la famille Le Tur, un prêtre de la famille a laissé graver son nom avec l'orthographe de la prononciation populaire et elliptique L'TUR. Thomas Le Tur était vicaire à Lignières, 1742. 1745.