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LIGNIERES ORGERES

HISTOIRE

 

CROIX ET CALVAIRES

Par Christian FERAULT

 

Qu'ils soient en bois, granité, fonte ou ciment, croix et calvaires ponctuent notre paysage et notre quotidien.


Croyants ou non, nous les voyons. Ils font partie de nos habitudes. Nous savons qu'ils se trouvent là où nous les attendons. Que se passerait-il dans nos têtes si, un beau matin, ils n'étaient plus là ? même si aujourd'hui, rares sont les personnes qui se signent en passant devant eux.


Une étude importante a été conduite sur l'ensemble du département par A. GUEGUEN, il y a une dizaine d'années. Localement, Marcel LANGRIS a déjà proposé des textes à leur sujet.


Aujourd'hui, notre ambition est différente et complémentaire : faire un recensement de tout ce qui existe sur la commune. Cela prendra du temps et nécessitera la coopération de chacun pour retrouver des monuments cachés par le temps, dégradés, mis en sûreté ou, tout simplement oubliés. Certains sont d'ailleurs en péril.
Peut-être huit à dix Bulletins seront nécessaires si l'on se fixe une limite d'étude à cinq ou six par année.
En tout cas, il s'agit en l'espèce d'un véritable patrimoine à la fois religieux, historique et culturel qui mérite respect et protection.


Un patrimoine menacé par les dégâts du temps et de l'oubli. [A tel point qu'une Association de restauration du calvaire de la Mayenne (ARCEM) a vu le jour qui a pour objet de « restaurer les calvaires en péril en les refaisant à l'identique « ].


C'est le cas, aussi, sur notre commune d'où un besoin préalable d'identification.


Combien sont-ils ? Il est difficile de répondre à cette question. Un quarantaine sans doute. Lignières-Orgères dispose d'un vaste territoire mais avec de nombreuses zones boisées. On en dénombre environ 6600 sur tout le département - dont une centaine avec une épigraphie (science de l'étude et de la connaissance des inscriptions) antérieure à la Révolution.


La simple division par le nombre de communes ne signifie rien : il faut tenir compte de la superficie, de la position géographique, des usages et surtout de la foi de nos aïeux au cours des différentes époques.
Nous verrons bien... à l'horizon 2013, à moins que l'on ne décide d'aller plus vite.

Mais de quels monuments s'agit-il ?
Force est bien de reconnaître que nous utilisons les mêmes mots pour désigner parfois des objets différents.


Un retour au sens des termes est donc nécessaire :

  • une croix est un instrument de supplice,
  • un calvaire correspond à une représentation, notamment sculptée, de la scène dite
    du Calvaire. Mais une croix en plein air est la commémoration de la Passion du Christ et un
    calvaire, l'élévation sur laquelle on a planté une croix !
    Généralement, on nomme calvaire une croix sur laquelle est placé un Christ tandis qu'une « croix » -appelée souvent « petite croix »- en est dépourvue mais comporte parfois des inscriptions.
  • un oratoire est une chapelle de dimensions restreintes, généralement mais pas
    toujours située dans une maison particulière,
  • une chapelle est un édifice religieux comportant un autel et n'ayant pas le titre de
    paroisse,
  • quant à une église, il s'agit du lieu de réunion des Chrétiens pour y célébrer leur
    culte.


On constate aisément que notre étude portera, en conséquence, sur les trois premières catégories.


Ces monuments sont-ils publics ou privés ?


Question difficile. Pour certains c'est simple et tranché. Pour d'autres le débat est ouvert et le recours au cadastre laisse parfois perplexe... Dans ce domaine aussi, un appel est lancé aux lecteurs.

Pour démarrer nous avons choisi des monuments parmi les plus connus, essentiellement en granité, répartis sur la commune, et pour lesquels nous donnerons le maximum d'informations aujourd'hui disponibles, à côté de clichés qui permettront un utile report. Toute information nouvelle à leur sujet serait la bienvenue.
Mais commençons !
Croix cémétériale d'Orgères
Située près de l'entrée ouest du cimetière d'Orgères, cette croix de grande taille est très ancienne : 1709. Elle a deux
usages : l'exhortation (« Priez pour les
trépassés [TRESPASSEZ] ») et la
commémoration (« 1709 - PLEMUNNIER »)
gravées sur son socle.
Elles correspond à une époque où les
tombes s'étaient individualisées dans les cimetières.

Croix Legendre

Située à l'intersection des routes de Ciral et de la Trévannière, en bordure immédiate du carrefour, elle constitue un monument modeste de taille très bien conservé et splendide lorsqu'on prend le temps de l'observer.
Elle correspond à une « croix de chemin » c'est-à-dire à une tradition funéraire routière, édifiée par Michel Breton (M. BRET) et Jeanne Legendre (I. LEG)en 1727.
Suit la mention « Requi escant i n pace » (qu'ils reposent en paix) sur trois lignes et selon une coupure qui ne correspond pas à la fin de chaque mot telle que nous la connaissons.

 

Franchissons maintenant un long espace de temps.
La révolution française, en effet, avait, par une loi du 29 septembre 1795 (7 vendémiaire an IV), interdit tout « signe particulier à un culte... en quelque lieu que ce soit ». Ce texte ajoutait : « ceux qui existent seront enlevés... ».
[L'histoire est bien « un éternel recommencement » : cf. nos débats en fin 2003 !]
Combien disparurent ? il est difficile de répondre et dans nos terres profondément catholiques, la résistance -ou plutôt l'inaction- fut sans doute grande. Mais il fallut attendre les années 1850 pour arriver à une rechristianisation de l'espace importante et dense.

En voici quelques illustrations :

Calvaire du bourg de Lignières, à l'intersection des routes de Ciral et de Pré-en-Pail.
Situé à la sortie du bourg de Lignières et précédant les villages de La Brunetière et de La Teinture, maintenant intégrés, ce monument du XIXe, non daté et sans inscriptions, fait vraiment partie du paysage de la commune.
Situé dans un enclos de pierres et précédé d'une grille métallique ouvragée, il fut longtemps cerné de grands cyprès et de genévriers qui restèrent dans le même état ou presque au XXe siècle. En témoignent les cartes postales des années 1900.
Aujourd'hui ce lieu représente un havre de paix, judicieusement fleuri.

 

Passons maintenant à quelques monuments de la seconde moitié du XIXe siècle, qui correspondent donc à l'époque de rechristianisation des paysages.
Sont-ils « de fermes », « de demeures », ou plus simplement « de lieux » ? ce n'est pas très important. Ils appartiennent à la catégorie la plus nombreuse -au moins 5000 en Mayenne- et ont été édifiés pour des raisons variées.
On en prendra trois exemples que l'on présentera par ordre chronologique de datation ; on les connaît, en général, par le(s) nom(s), de leur(s) propriétaire(s) :

- Rue de Normandie, anciennement route de Carrouges, se trouve, sans croix aujourd'hui et derrière une petite barrière, un monument daté de 1866, dressé par (et pour) JEAN VANNIER et MARIE LEROYER avec au préalable l'inscription sur trois lignes « O crux ave spes unica » (« Salut ô croix, espérance unique » ou bien « Je vous salue,ô croix, notre unique espérance »).

 

- Route de Couptrain, après le village de la Plingère puis la route de Saint-Ursin, à l'angle des deux voies, se trouve la croix JACQUES CHEVR(E)UL dont le dernier E n'est pas gravé ; elle date de 1869. Longtemps bien entretenue et comportant une niche, aujourd'hui vide, entre les branches de sa croix, elle est actuellement soumise aux assauts de la végétation.


- Un peu plus loin, avant le carrefour avec la route menant à droite au village de La Vannerie, se dresse une croix au haut fût, en bon état d'entretien, dressée en 1888 par et pour MARIE RIPAUX et SA FILLE.
Elle porte également, mais sur deux lignes, l'inscription « O crux ave spes unica ».

[On fera remarquer que deux erreurs se sont glissées dans le remarquable ouvrage de A. GUÉGUEN cité dans cet article : les croix dites de La Plingère et de La Vannerie y sont inversées et la date de la seconde est erronée : il ne s'agit pas de 1890 mais de 1888].

(A suivre...)

NB : le but de cet article était de commencer à présenter nos croix et calvaires et non de réaliser des études sur les personnes mentionnées. Cela serait, bien sûr, fort intéressant mais ne pourra être conduit que plus tard, une fois l'inventaire descriptif achevé.