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LIGNIERES ORGERES

HISTOIRE

La LIBERATION en AOUT 1944

Route de CARROUGES - La Chauvinière, les 13 et 14 Aout

par Paul, Stéphane, André et Christian

Le dimanche 13 août 1944, très tôt le matin, des convois allemands venant de Joué-du-Bois se dirigent vers Carrouges et Ciral. Ils reviennent, désemparés, n’ayant pu passer car la 2ème DB du Général Leclerc contrôle déjà ces villages. En conséquence, ils remontent vers Joué-du-Bois et certains restent en attente sur notre commune.

C’est ainsi que sept véhicules investissent le village de La Chauvinière : deux sont logés sous le hangar dans le champ de Monsieur LEGENDRE situé face à l’entrée du chemin du hameau. Dans la même parcelle, deux véhicules sont à l’écart, assez loin du hangar : ce sont des voitures civiles, réquisitionnées par les Allemands, dont une SIMCA 5.

Près de l’entrée du chemin conduisant (au Tergot) aux Tregots et jouxtant le champ de Monsieur LEGENDRE, est installé un canon anti-char français de 47 mm, utilisé par l’Occupant.

Un camion bâché – dont le chargement n’est pas connu – est stationné dans la cour face à la maison LEGENDRE : la « patronne » intervient pour le faire déplacer car ce véhicule peut être pris pour cible par les avions mais, malgré une longue discussion, les Allemands refusent.

Un autre camion, chargé de munitions, est posté dans la parcelle située au-dessus de l’entrée du village, face au hangar.

Un dernier camion, chargé de barils de 200 litres d’essence, est stationné près du petit hangar dans le prolongement de la maison PIQUET.

Un tel rassemblement n’avait pas échappé à la vigilance de l’aviation américaine : des P47 « Thunderbolt », probablement car ils furent employés majoritairement durant ces journées inoubliables, surgissent et mitraillent.

Les gens du village gagnent l’abri, c’est-à-dire une tranchée qui avait été creusée « au cas où ». Celle-ci, située en bordure de l’ancien chemin en prolongement de la cour de Madame GÉLINIER, est vaste et bien protégée. Pendant le mitraillage, les familles GÉLINIER, LEGENDRE et RICHET ainsi que Monsieur GERVAIS et « Nanette », mère de Lucien RICHET, y avaient trouvé place, soit en tout plus de vingt personnes.

Les tirs durent depuis un bon moment… difficile à évaluer car, dans ces circonstances, le temps semble bien long !

Deux Allemands armés font irruption dans la tranchée ce que Monsieur LEGENDRE n’apprécie pas du tout car, si les Américains arrivent et se trouvent en présence d’Allemands, ils risquent de jeter des grenades… Aussi, dès qu’il y a une accalmie, elle quitte le lieu, suivie de sa famille et tous vont se mettre à l’abri d’une haie.

Une bombe est tombée à l’entrée du chemin de La Chauvinière, à proximité du hangar où sont cachés les camions ; son souffle a éparpillé les fagots de la « barge » qui se trouvait à proximité. Le hangar est en feu et les camions brûlent. Une deuxième bombe est arrivée dans le jardin situé derrière la maison de Madame GELINIER ?actuellement maison Eric THOMAS?, pas très loin du camion de munitions, heureusement non atteint. Ces bombes étaient sans doute des « soufflantes » car il n’y avait pas de cratères et juste des impacts. Les autres camions et voitures n’ont pas été touchés.

Dans l’entrée de la grange située dans le prolongement de la maison LEGENDRE, une cage à tourterelles est accrochée au mur. L’oiseau qui s’y trouvait avait le dessus du bec arraché par une balle ou un éclat. Des impacts sont visibles sur le mur. Au cours du mitraillage, un soldat Allemand fut blessé et ensuite transporté sur une porte prélevée dans les bâtiments de la maison LEGENDRE.

Dans la soirée de cette journée « mouvementée », la famille LEGENDRE s’en va passer la nuit dans une petite maison à droite en bordure du chemin qui rejoint Géradé et qui se trouve un peu à l’écart du village : tous se sentent là plus en sécurité que près de la route. Une partie des Allemands sont partis le lendemain vers Monthard en suivant le chemin du (Tergot) des Tregots… Que sont-ils devenus ?

EN FORME DE SUITE

Par André ROBERT

Le 16 août, des convois américains montent vers Joué-du-Bois (dans une huitaine de jours, ils feront le trajet à l’envers !). Des Américains campent toujours dans les champs à La Cornière… L’envie me prend d’aller voir la famille RICHET qui était réfugiée à La Chauvinière chez « Nanette », mère de Lucien. J’avais en effet fait mon apprentissage de galochier chez Lucien RICHET et il m’importait de savoir comment ils avaient vécu la Libération.

Je pars. Les convois américains encombrent la route. Arrivé au bas du bourg, je prends la route de Ciral direction Géradé. A gauche en chemin, je tourne vers La Chauvinière.

Je trouve la famille RICHET dans un petit champ à proximité de la maison de « Nanette » : tous sont en bonne santé et ont passé ces journées périlleuses sans dommages. Sur place et tout en parlant à Lucien, j’aperçois plusieurs Américains assis dans l’herbe et qui discutent. Un autre, débout, se rase : c’est son casque lourd qui lui sert de cuvette !

Une dizaine de jours plus tard, Jean LAGRUE et moi-même sommes partis démonter des obus perforants de « 47 ». Ils ne sont pas dangereux selon des dames et amies de Lignières qui voulaient disposer de douilles en cuivre devenues à la mode du moment !

Ces obus, comme la plupart des autres munitions, mines, balles de fusil, grenades…. proviennent du camion chargé qui avait séjourné ici. Tout est dispersé sur l’herbe et la plupart des boîtes en bois ou en métal ont déjà disparu.

A part le canon et les obus de 47 mm qui sont français, tout le reste est allemand.

Beaucoup plus tard, en 1945, des artificiers regrouperont tout ce qui traîne encore sur la commune en quelques lieux (Forêt de Monnaye, La Cornière, La Plaine route de Saint-Calais) et feront sauter l’ensemble.

A propos de la SIMCA 5 dont il a été question plus haut, il pourrait s’agir du véhicule abandonné ensuite, le 14 août, avant d’arriver à la petite chapelle située face à la route du Grassion en allant vers Joué-du-Bois.

Ce véhicule, réquisitionné ou volé par les Allemands, était pourtant très inconfortable, notamment à l’arrière et il n’avait pas la faveur de l’Occupant mais nécessité a pu faire loi.

Le moteur de cette voiture terminera sa carrière sur une faucheuse : il entraînait la mécanique tandis que le cheval tractait l’ensemble…

 

extrait du BM n°23 - An 2009