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LIGNIERES ORGERES

HISTOIRE

 

Bénédiction du SACRE-COEUR sur le Calvaire de MONTHARD en avril 1948

Evènement relaté dans Ouest France le 27 avril 1948:

Dimanche, la commune de Lignieres la Doucelle était en fête ; après les jours d' angoisse qui avaient régné au moment de la libération, c' était l' allégresse générale.

En effet , au moment du débarquement des Alliés en 1944, la Haute Mayenne , comme l' Orne , le Calvados et la Manche, s' était trouvé dans une situation critique. Les nombreuses forêts qui couvrent cette région étaient propices aux maquis ; nos braves ne s' étaient point fait faute de les utiliser.

Les "occupants" étaient harcelés de jour et de nuit . La paisible population de Lignieres la Doucelle vivait dans la crainte , car les représailles étaient terribles et s' abattaient sur n' importe qui , chacun s' en souvient encore.

Dans leur détresse , les paroissiens de Lignières demandèrent la protection du Sacré-Coeur : des feuilles de papier , bientôt couvertes de signatures , circulèrent de maison en maison , sous les auspices de la Ligue Féminine d' Action Catholique. Chacun s' engageait à participer à l' érection d' une statue du Sacré-Coeur , si la commune était épargnée.

Des escarmouches sérieuses , des coups de main hardis eurent lieu dans les environs immédiats du bourg. "Lignières la Doucelle devait être rasée et de nombreux otages fusillés". Mais le miracle se produisit et la population fut épargnée; seule une femme fut grièvement blessée, au cours d 'un bombardement et succomba a ses blessures.

Les paroissiens de Lignieres ont tenu leur promesse . A la fin d' une mission prêchée par les RR , PP , Merlin et Lorgioux, Redemptoristes , ils ont voulu , dans une fête grandiose dire leur gratitude au Sacré-Coeur en participant nombreux à la bénédiction de la statue gigantesque qui se dresse sur la colline du Monthard.

Après une courte cérémonie à l' Eglise , une longue procession s' organise , au milieu d ' un concours immense de peuple.

Les enfants des écoles sous la conduite de leurs maitresses marchent en tête du cortège . Des bannières de soieries précieuses brillent aux rayons du soleil qui s' est enfin montré . Les femmes suivent en chantant des cantiques .

Mgr Richaud, évêque de Laval , entouré du Chanoine Chérel , vicaire général ; de l' abbé Cenau , curé-doyen de Couptrain ; de M. le chanoine Lebon , doyen de Carrouges ; de M. le chanoine Laigre , doyen de La Ferté Macé ; de M. l' abbé Beucher , curé de Lignières et d' un nombreux clergé , parmi lequel nous avons remarqué MM. Henri , curé de St Samson ; Le Mancelle , curé de Ciral ; Radigue , curé de Colombiers ; Dumont , curé de Joué du Bois ; Trahay , curé de Champéon ; Fouquet , vicaire à Lignieres , s' avance à la tête du cortège des hommes.

Sur tout le parcours , depuis le bourg jusqu' à la colline du Monthard , des guirlandes piquées de fleurs bordent de leurs gracieux festons , la voie triomphale qui conduit au monument du Sacré-Coeur . Huit arcs de triomphe , exécutés avec goût , se dressent de place en place . Jamais la voie romaine , qui dit on , reliait Jublains à Argentan en passant par Lignières , n' a connu pareille décoration , pour fêter les victoires de Jules César . A travers des chemins sinueux , bordés de haies où naissent les premières feuilles , le cortège monte vers la colline du Monthard . Des personnes agées , accrochées à des bras plus jeunes font ce pélerinage de la reconnaissance ; une brave vieille , après s' être arrêtée un instant pour mesurer d' un coup d' oeil la distance qui la sépare encore du monument , repart avec un nouveau courage en s' appuyant sur sa canne ; la montée est si rude.

Enfin la multitude des pèlerins est groupée autour de la statue du Sacré-Coeur . Sur un piedestal de 5 mètres est fixée la statue en pierre de Lorraine qui atteint elle même 4 m 30 . Oeuvre de M. Marcel PIERRE , sculpteur à La Ferté Macé , ce monument est vraiment imposant . Erigée sur une colline qui domine tous les environs , à la limite des départements de la Mayenne et de l' Orne , la statue du Sacré-Coeur étend ses bras face au bourg de Lignières la Doucelle et de la vaste campagne , qu' elle semble protéger de sa puissance . De toute la paroisse , et même des paroisses environnantes , on pourra la voir continuellement .

En présence d' une assistance recueillie , Mgr Richaud procède à la bénédiction du monument de la reconnaissance des habitants de Lignières . Puis , il laisse parler son coeur de " père " spirituel d' un vaste troupeau . Il rappelle d' abord les journées d' angoisse qui ont donné naissance au projet qui voit aujourd' hui sa réalisation , le massacre de 11 jeunes gens du " maquis " qui se sont défendus si courageusement ; l' évêque de Laval appelle les bénédictions du Sacré-Coeur sur la commune , remercie toutes les personnes qui ont travaillés à l' érection de ce monument , notamment M. Marcel Pierre qui a gravé dans la pierre " une figure si humaine et si divine , qui est l' oeuvre d' une main habile , mais aussi d' un coeur de croyant " .

Au chant des cantiques qu' amplifie un puissant haut parleur , et que les échos répètent à l' infini , s' achève cette belle journée qui laissera un souvenir impérissable dans le coeur de tous les habitants de Lignières la Doucelle ; ils ont été unis dans le danger , ils l' ont été dans l' exécution des travaux du monument . Avec l' appui de M. Gauthier , maire et du Conseil municipal , des artisans locaux , M. THOMAS , entrepreneur de maçonnerie à Lignières ; M. DUHE , entrepreneur à La Ferté Macé ; MM. HAMARD et ROBILLARD , des frères BELLIOT , avec le concours dévoué des cultivateurs de la commune qui ont fait tous les charrois nécessaires , notamment le village de la Vannerie , celui du Monthard et des environs , un monument digne de la confiance des paroissiens de Lignières , rappellera aux générations à venir , la protection dont fut l' objet la commune .

M. le curé Beucher , qui est la cheville ouvrière de cette réalisation grandiose , peut être fier de son oeuvre. Elle sera le témoignage immuable de la protection du Sacré-Coeur envers Lignières la Doucelle.

 

Un journaliste de Ouest France

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