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LIGNIERES ORGERES

     
ECONOMIE
   

 

L' AGRICULTURE A LIGNIERES-ORGERES AU RECENSEMENT AGRICOLE DE 2000

Comparaison avec les résultats de 1979 et 1988

Par Christian FERAULT

La parution récente des données du Recensement agricole de l'année 2000 invite à une analyse des éléments fournis. Mais plutôt que de se limiter à une présentation aride des principaux résultats, nous avons préféré en faire une synthèse largement comparative (Recensements de 1979 et 1988, avec quelques allusions à des données essentielles de 1970).


Plusieurs remarques sont à faire au préalable :

  • La période d'observation dure vingt et un ans ; neuf années se sont écoulées entre les deux premiers recensements considérés ici et douze entre les deux derniers,
  • Avec les références aux données de 1970, c'est une époque de plus de trente ans qui est observée, au cours de laquelle la commune s'est profondément transformée : l'évolution de son agriculture ayant dirigé celle de ses autres secteurs d'activités,
  • Les données discutées constituent largement la résultante des PAC (Politique agricole commune), des opérations de remembrement et des crises, surtout récentes ("vache folle ", fièvre aphteuse, chute des cours de la viande).
  • Les chiffres fournis par ce type d'opération contiennent toujours des approximations. On dit que les "erreurs se compensent"... Ce qui compte ce sont les évolutions globales.
  • Il est imposssible, en peu de pages, d'être exhaustif ; on se limitera donc à l'essentiel et le lecteur intéressé pourra se reporter à une étude substantielle mais plus ancienne (voir "l'agriculture à Lignières-Orgères à la fin des années 80. Eléments pour une réflexion" Christian FERAULT et Jean TONNELLIER, janvier 1991, 26 pages. Document remis à tous les foyers de la commune en son temps)


    En 2000, la superficie agricole utilisée des exploitations localisées sur la commune était de 2213 ha soit 54% de la superficie totale (4089 ha). La SAU communale (superficie de la commune) était voisine avec 2292 ha.


    Sur une trentaine d'années, la diminution est sensible : 2908 ha en 1970, 2846 en 1979 et 2682 en 1988 ; elle s'est donc accélérée dans la dernière décennie avec près de 40 ha par an ! La perte totale atteint environ 700 ha soit un quart : de nombreux reboisements ont été effectués, c'est la transformation essentielle. En conséquence le paysage s'est ainsi à la fois "fermé" mais également "ouvert" à la suite des opérations de remembrement. Tout observateur le note aisément.


    Les exploitations sont maintenant au nombre de 73 dont 39 dites "professionnelles" pour une SAU moyenne de 50 ha. Les 34 "autres" couvrent environ 8 ha en moyenne, valeur stable depuis deux décennies. Au total Lignières compte 73 exploitations - dont 71 individuelles - d'une superficie moyenne (ce qui ne signifie pas grand chose) de 30 ha. Leur nombre a été divisé par deux en vingt ans et leur superficie moyenne multipliée par un facteur 1,7. La donnée la plus marquante concerne les exploitations d'une surface de 60 ha et plus : quasiment inconnues en 1979, au nombre de trois en 1988, elles sont maintenant 12 pour une superficie moyenne de 81 ha. A elles seules, elles représentent près de 1000 ha soit 44% de la SAU des exploitations. Ce phénomène est d'importance majeure.


    Comment se présente l'emploi de ces superficies ?


Les terres labourables occupent maintenant près de 1000 ha (940 en 2000) soit 43% des surfaces, en forte augmentation depuis le précédent RGA ; elles ont fait plus que doubler depuis 1970 mais dans le même temps les exploitations concernées sont passées de 70% à 59% ce qui est la manifestation d'un abandon des "petites cultures".

Les céréales à paille occupent près de 200 ha en accroissement sensible depuis vingt ans mais en diminution par rapport aux terres labourées. Le blé y tient une position dominante maintenant (les trois quarts) pour une superficie multipliée par près de quatre depuis 1979. Orge et surtout avoine régressent fortement en conséquence.


C'est le maïs qui tient la vedette : 44 ha en 1970, 201 en 1979 et 326 aujourd'hui (facteur 7,5!) soit environ un hectare pour sept de SAU et 34 exploitations concernées.


Les prairies temporaires sont aussi en fort accroissement sur vingt ans passant de 121 ha à 309 en 2000.
Si l'on additionne ces dernières au maïs-fourrage, on arrive à plus de 600 ha (près de 30% de la SAU contre 11% en 1979.Quelle évolution !)


En conséquence les superficies toujours en herbe (STH) régressent fortement passant de 2184 ha en 1979 (2465 en 1970) à 1271 aujourd'hui. L'érosion fut d'abord lente puis très rapide au cours de la décennie 90 (soixante hectares par an en moyenne).
La STH représentait 85% de la SAU en 1970 ; elle correspond à seulement 57% maintenant. Jusqu'où ira-t-on ?
Au total l'ensemble STH et fourrages ("superficie fourragère principale") s'élève à près de 2000 ha (90% de la SAU).


Ces évolutions, l'application de la PAC, le niveau des prix et les crises ont eu bien entendu des répercussions importantes au niveau du cheptel.
L'élevage bovin demeure essentiel mais avec des changements marqués. Le nombre d'exploitations concernées s'érode lentement : il a perdu 10 points en vingt ans pour se situer maintenant à 78%. Les effectifs, après une stagnation à un haut niveau dans les années 80 (autour de 4350 têtes), avaient diminué de 500 en 2000 pour retrouver leur état de 1970 mais l'effectif moyen a beaucoup progressé pour atteindre 67par exploitation (24 en 1970 ; 45 en 1988).


Qu'en est-il des trois grandes catégories de bovins ?


Les vaches laitières présentent un effectif qui s'est effondré (divisé par 2,2) : 1388 en 1979 ; 635 en
2000. En 1979 trois quarts des exploitations possédaient des laitières, 40% seulement aujourd'hui
! Les effectifs moyens ont régulièrement crû et ont presque triplé en trente ans (8 en 1970 ; 22 en
2000).


Les vaches nourrices offrent un mouvement inverse : multipliés par plus de 18 en 30 ans, les
effectifs atteignent 678 animaux soit un peu plus que les vaches laitières. En 1979, la proportion
était de 17 laitières pour une nourrice... Plus de 60% des exploitations sont concernées pour un
effectif moyen de 15 animaux ; elles étaient 15% en 1979.


Les bovins mâles d'au moins un an ont vu leur effectif chuter fortement depuis 1988 (ils étaient
alors plus de mille) pour atteindre 678. Mais sur vingt ans ce sont régulièrement les deux tiers des
exploitations qui en élèvent.


Au total la répartition entre les trois principales catégories est aujourd'hui très équilibrée (entre 600 et 700) ; les proportions étaient très différentes il y a vingt ans : 59% de laitières, 38% de bovins mâles et ... 3% de nourrices. Les quotas laitiers, les primes et l'agrandissement des exploitations sont passés par là...
L'élevage porcin a beaucoup évolué lui aussi : 74 exploitations étaient concernées en 1970, 7 maintenant soit moins de 10%. L'élevage traditionnel -1,5 porc en moyenne en 1979- a fait place à une production spécialisée dite "industrielle" dont l'effectif total atteint près de mille animaux (stabilisé depuis la fin des années 80).


Quant aux volailles une évolution du même type s'est produite : les effectifs, multipliés par vingt en vingt ans -et actuellement en développement- atteignaient 62000 en 2000 dont 99% de poulets de chair et coqs. Bien entendu l'élevage traditionnel subsiste (60% des exploitants déclarent en élever).
On notait enfin l'an dernier les présences de 25 chevaux dans dix élevages (stabilité), 29 brebis mères au sein de cinq fermes (hausse légère après une forte chute) et 13 chèvres dans six exploitations (même mouvement).


Au niveau des moyens de production, les faits marquants sont les suivants :


• les superficies en fermage régressent lentement en proportion du total : trois quarts en 1979, un gros deux tiers maintenant,

- le parc de tracteurs atteint 104 unités soit 1,4 en moyenne par exploitation mais 20% en étant
dépouvues, cette valeur passe à 1,8. Sur l'ensemble l'élément saillant est le développement des gros
engins (à partir de 80 ch) : inexistants en 1979, anecdotiques en 1988, ils sont maintenant 26 soit
un quart du total,

Les superficies drainées par des conduits enterrés s'accroissent sensiblement avec 114 ha contre
17 en 1988.


L'age des chefs d'exploitation est maintenant présenté sous trois classes d'âge ce qui rend les comparaisons fines plus difficiles. Qu 'observe-t-on ?
Les "Jeunes" (moins de 40 ans) comptent pour 15% (après un pic à près de 20% en 1988). La catégorie suivante (de 40 à moins de 55 ans) représente 44% de l'ensemble contre 30% lors des deux Recensements antérieurs. Quant aux "55 ans et plus" ils sont un peu plus de 40% contre 55% en 1979 et 50% en 1950.


Il y a donc deux évolutions importantes : les chefs d'exploitation d'âge mûr sont devenus majoritaires et corrélativement les Jeunes sont moins nombreux après leur "poussée " dans les années 80. Les plus Anciens sont moins nombreux (quatre sur dix ). Il y a là la marque des mesures prises pour faciliter des départs plus précoces.
Mais attention, ces résultats globaux ne font pas la part entre exploitations "professionnelles" et autres. Il faudrait les affiner.


Pour ce qui est de la population et de la main d'œuvre agricole on peut noter les résultats et observations suivants :

  • les chefs d'exploitation à temps complet sont maintenant 35 ce qui correspond à 90% des fermes
    "professionnelles" et à 48% du total. Leur nombre a été divisé par deux en vingt ans,
  • la population familiale active (y compris les responsables) diminue très fortement pour atteindre
    105 personnes seulement. Elle est divisée par deux en douze ans, par 2,5 depuis 1979 et par 3 par
    rapport à 1970. C'est une évolution considérable,
  • l'expression en "unités de travail annuel" (UTA.Quantité de travail d'une personne à temps
    complet en une année) aboutit à 74 en 2000 soit un petit trois quarts de la population familiale
    active,
  • le nombre d'UTA salariés est de deux : il a été divisé par trois depuis 1979... et par 5,5 par
    rapport à 1970,
  • les UTA des entreprises "professionnelles" représentent près de 85% de l'ensemble. Ce mouvement
    est régulièrement ascendant (63% en 1979).
    Des chiffres qui ne surprennent guère en région à dominante "bovins lait-viande" mais qui interpellent en raison de leur ampleur.


    Même si les Recensements de population n'interviennent pas les mêmes années, il est tentant de rapprocher des éléments de ce qui précède des données totales de nombre d'habitants.

Années des RGP
1975
1982
1990
1999
Population (*)
891
864
776
746
Années des RGA
1970
1979
1988
2000
Chefs d'exploitation à temps complet
92
72
68
35
en % de la population de l'année la plus proche
10,3
8,3
8,8
4,7
Population familiale active
317
267
202
105
en % id
35,6
30,9
26
14,1
UTA familiales
195
174
134
74
en % ibid
21,9
20,1
17,3
10

(*) et 729 habitants très exactement selon les données de décembre 2001 fournies par la Secrétaire.

Bien sûr, ces comparaisons sont hardies, mais elles indiquent des tendances marquées pour une population totale à peu près stabilisée depuis une quinzaine d'années : l'agriculture continue de jouer un rôle majeur dans les activités et l'économie de Lignières-Orgères mais la part des habitants concernés a décru considérablement et la cellule familiale traditionnelle s'estompe de plus en plus.


Des renseignements nouveaux figurent au RGA 2000 on apprend ainsi que la référence laitière de la commune approche trois millions de litres, les droits vaches allaitantes concernent 540 animaux et les épandages d'effluents sont faits sur 355 ha. Enfin, sept exploitations utilisent un microordinateur et dix neuf sont imposées au bénéfice réel (contre cinq en 1988).


Ce court texte n'a d'autre ambition que de fournir sous forme synthétique l'essentiel des données du RGA de 2000 et d'indiquer les principales évolutions au cours des dernières décennies. Ce qui frappe peut-être le plus c'est la rapidité des changements en liaison avec des politiques qui fluctuent et dont la cohérence n'est pas toujours évidente. En témoigne la grave crise actuelle... Quelles seront ses répercussions ?



Annexe

L'agriculture de Lignières-Orgères par rapport à celle de l'ensemble du Canton de Couptrain. (au recensement agricole de 2000)

La Commune de Lignières-Orgères représente près de 25% de la superficie du canton, 17% de sa SAU (surface agricole utile) et environ 17% de sa population.


Les exploitations dites "professionnelles" correspondent à un peu plus du cinquième de l'ensemble mais, parmi elles, les grandes (supérieures ou égales à 60 ha) ne comptent que pour 13,8%.


Lignières possède 12,5% des terres labourables, moins de 7% des superficies emblavées en blé tendre mais 15,4% de celles réservées au maïs, près de 21% de la superficie fourragère principale et 22,6% de la STH (surface toujours en herbe). Une "vocation" bien affirmée...


Au niveau cheptel on y trouve 18% des bovins du canton avec 15,5% des laitières, 23,4% des vaches nourrices et un cinquième des bovins mâles de plus d'un an, et aussi plus du tiers des porcs, un cinquième des volailles et 11% des équidés.


La superficie en fermage correspond à 15,3% de l'ensemble, le parc de tracteurs à près de 19% (mais seulement 13% de ceux de plus de 80 ch).


Les chefs d'exploitation représentent près de 18% de ceux du canton mais seulement 11,8% des "jeunes" (moins de 40 ans) et en conséquence autour de 20% au-delà.


Les références laitières se situent à 13,5% du total et les "droits vaches allaitantes" à 24,2%. Près de 15% des exploitations sont parmi celles imposées au bénéfice réel et autant utilisent un micro-ordinateur.


Les épandages d'effluents effectués sur Lignières n'atteignent que 10% des superficies concernées du canton.


Au total un "paysage" qui ne surprend guère.

Article paru dans le Bulletin Municipal N°16 de 2002